Trois fantômes biodégradables
de François Degrande, Philippe Joisson (Dessin), M. la MIne (Dessin)

critiqué par Débézed, le 11 février 2023
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
La poésie pour refaire le monde
François Degrande, je l’ai découvert dans un Opuscule de Lamiroy dans lequel il présentait une : « histoire totalement improbable …, un peu comme un exercice de style dans lequel l’auteur joue sur la mise en abyme ». Cette fois, je l’ai lu dans un très long poème de près de deux cents pages, un texte épique, sûrement, fantastique, à coup sûr, surréaliste, parfois, burlesque, un peu, métaphorique, probablement, sarcastique, critique et militant sans nul doute. J’ajouterai certainement un peu onirique. Dans ce long poème construit de vers courts, souvent même très courts, François Degrande raconte la société d’aujourd’hui dans tous ses travers.

Il dénonce notamment la déliquescence de la société qui se détourne souvent des problèmes essentiels de l’humanité pour se centrer sur la défense de causes, toujours louables, mais bien souvent moins apocalyptiques que le prétendent leurs avocats. On sent dans son texte un certain agacement quand il évoque les actions plus ou moins caricaturales des extrémistes féministes, des apologistes du véganisme ou des écologiste qui sèment la terreur en espérant récolter des votes et il y en a d’autres…

Il évoque aussi la décomposition, avant recomposition éventuelle, de la structure familiale, « Lorsqu’épuisé de ces mille et un devoir elle voulut débarrasser le plancher / Il décida enfin de faire le ménage / dans sa vie et / il se débarrassa d’elle », la fragilité des couples qui explosent avant que ses membres n’essaient de les consolider, la condition de la femme encore d’actualité hélas…

Le cadre naturel, la faune et la flore, sont d’autres thème évoqués avec le réchauffement de la planète responsable le plus souvent désigné des errements climatiques qui accompagnent presque toujours l’enrichissement des mieux nantis et l’appauvrissement des plus démunis. Sans oublier, la place de plus en plus importante des milliardaires dans le monde avec comme personnage récurent tout au long de ce long poème, Albert Frère, sans doute une image du célèbre banquier belge

Mais François Degrande n’oublie pas la poésie toujours présente dans son texte notamment quand il évoque le prix du silence, le vol du temps, la propriété des rêves… On retrouve chez lui, l’esprit d’un aphoriste comme l’illustre ce bel exemple : « Vivre sans voisin / n’est pas pratique / lorsque l’on doit faire / des enquêtes de voisinage ».

Avec ce texte d’une grande richesse de vocabulaire, néologismes, mots rares, des mots qui se marient dans des vers plus proches des expressions allusives des poètes que des démonstrations explicites des scientifiques, gestionnaires, managers et autres hommes politiques et leaders d’opinion souvent autoproclamés, je retrouve l’auteur que j’avais découvert dans ma précédente lecture. Je me souviens que j’avais écrit à cette occasion : « Dénonciation de certaines actons caricaturales dans la défense de la nature et de la condition des femmes, par exemple, féministes extrêmes, véganes, écologistes ». J’ai l’impression de m’être un peu répété.

Avant de conclure ce propos, j’aurai bien garde de ne pas oublier les deux illustrateurs, Philippe Joisson et M. la Mine, qui ont enrichi ce long poème de quelques jolis dessins eux aussi très explicites.