De la liberté des femmes
de Emma Goldman

critiqué par CHALOT, le 11 février 2023
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
une féministe à découvrir
De la liberté des femmes
EMMA GOLDMAN
éditions Payot
février 2020
108 pages

Une féministe qui « mérite » d'être connue


La « révolution » de l'édition et la possibilité de sortir et d'éditer des écrits oubliés nous permettent de prendre possession de petits trésors comme ce livre qui contient deux textes d'Emma Goldman.

Emma Goldman, née en 1869 en Lituanie, est arrivée aux Etats-Unis à l'âge de 16 ans.
Considérée comme la femme la plus dangereuses du pays, cette anarchiste militante est expulsée du « pays de la Liberté » vers la Russie en 1919.
Elle passe de l'enthousiasme à la désillusion face à cette « dictature du prolétariat » qu'elle ne peut pas accepter, comme libertaire.

Dans les deux écrits publiés ici : la tragédie de l'émancipation féminine et le droit de vote, l'auteure, militante, n'y va pas par quatre chemins.
Si elle énonce que le droit de vote des femmes est légitime, elle considère que ce n'est ni la panacée, ni la porte grande ouverte vers l'émancipation des femmes.
L'égalité des droits c'est important, certes mais la Liberté et la sortie du « servage » sont indispensables.
Quand des suffragettes américaines se transforment en puritaines en voulant des lois contraignant des femmes à se conformer aux bonnes mœurs,
quand des femmes favorables à l'égalité se soumettent au diktat rétrograde de l'Eglise, elles sont dans l'emprisonnement dans un système patriarcal et rétrograde.
Pour l'auteure, il faut que les femmes se sortent des conventions morales et sociales pour vivre comme elles l'entendent sans se préoccuper du qu'en dira-t-on ?

La question sociale est au centre des préoccupations de cette féministe.
Elle n'est pas tendre avec les femmes de l'Idaho par exemple qui ont déchu de leurs droits électoraux leurs « sœurs de rue ».
Ces femmes «  de petite vertu » seraient indignes de voter ! ?
Cela insurge à juste titre Emma Goldman qui s'étonne que la « forme légale de prostitution qu'est le mariage » ne soit pas considéré aussi comme aussi « obscène ». !

Jean-François Chalot