Les musiques de l'âme
de Annie Cohen

critiqué par JPGP, le 5 février 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Les introspections d'Annie Cohen
Annie Cohen dans ce récit d'un épisode difficile pour elle, tente de soulever son mystère. Souvent c'est par la gouache qu'elle tente d'en venir à bout. Ici l'écriture la relaie en une sorte de récits de la pensée dont le corps est le miroir.

Cette entreprise narrative porte plus loin ce que l'image tente et ne fait pas tout en analysant ses possibilités. L'écriture est donc cette musique étrange qui transcende l'horizon narratif là où divers expédients permettent de faire qu'écrire c'est dessiner autant à l'ombre des vitraux de Chagall que les approches de Guytat, Bataille ou Michaux.

Le tout en des incantations où le réel le plus précis segmente un tel propos qui finalement avance et pourrait ne plus s'arrêter et où d'une certaine façon sinon renaît du moins continue le monde dans la courbure des phrases.

Chaque instant du récit devient un point mouvant, un paysage, une habitation, c’est une architecture. Le livre devient une anthropologie terrestre dans cette course au delà du fond de la dépression où le texte prend sa source et pour en sortir.

Là demeure l’interrogation suprême. Car pour l’analyste de psyché, c’est par la brisure narrative que se perçoit la rupture du concept : c’est là l’effet de transformation qui rompt le récit pour le faire devenir pensée dans les figures de ce que Spinoza nommait, équivalentes aux "ideae", les “ narrations mentales ”.

Jean-Paul Gavard-Perret