Hôtel du Brésil
de Pierre Bergounioux

critiqué par JPGP, le 31 janvier 2023
( - 76 ans)


La note:  étoiles
Pierre Bergounioux : Freud et ratures
Pierre Bergounioux propose ici son approche de la psychanalyse ou plutôt son éloignement. s’explique ici sur un certain éloignement, géographique - mais pas seulement - du nom de Freud, gravé dans le marbre au-dessus de l’entrée d’un hôtel parisien, et de sa pratique.

Elle ne convient pas - du moins telle qu'il l'a connu, lors d'un travail analytique pour trouver une issue à un trouble profond, étroitement localisé selon cette méthode au moment où les autres remèdes n'avaient plus d'effet. Et l'auteur de préciser : «Si rien n’est plus manifeste que l’inconscient, depuis que Freud a passé, il résidait bien moins en nous, pour moi, pour d’autres, qu’à notre porte, dans les choses qui nous assiégeaient, leur dureté, leur mutisme, la tyrannie qu’elles exerçaient sur nos sentiments, les pensées qu’elles nous inspiraient forcément.»

Bergounioux rappelle afin qu’on ne s’y trompe pas qu'il il n’existe autant de lumière céleste que d’obscurité d’abîme dans les corps. Ses mouvements de réflexion parcourent l’espace de l’"istôr" de l'auteur ce qui lui permet de dire bien des choses, à la naissance de la psychanalyse.

Mais celle-ci a souvent baissé la langue selon l'auteur, cela tient en partie au fait qu'il s'est "limité" à l'apport de Freud en occultant principalement l'apport de Lacan. Quoiqu'il est parfois dit celui-ci - tout en s'appuyant sur Freud - a fait bouger les lignes POUR s’aventurer en direction du soleil n. Chez lui apparaît non la révolte du révolté mais sa révolution contre lui-même.

Certes tous les "traitements" psychanalytiques dépendent du ou de la thérapeute qui les rendent fertiles et signifiantes on non. Mais un tel éloignement, une telle interruptions nous parlent.

Ce texte ouvre des voies intéressantes pour l'accès à l'univers des douleurs muettes des affections par delà tout traité des passions et de la nature humaine et ses fondements. Et ce au moment où par ses gouffres l'être est jeté hors de lui et enlevé à lui-même pour entrer dans un autre registre de langages.

Le parcours devient double et pour Bergounioux la parole freudienne ne suffit pas. Sa "narration" rendre compte de ce vu du conte. Mais elle rend aussi compte du corps même, et du corps qui produit le corps, du corps sexué désirant. C’est ce passage qui ouvre au discours. La situation de pensée se retourne sur son néant, elle est raturée loin de tout raccourcis et approximations faciles

Jean-Paul Gavard-Perret