Histoire de la littérature belge
de Jean-Pierre Bertrand

critiqué par Sahkti, le 27 octobre 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Pas assez solide
La littérature belge possède sa propre existence et ce, depuis longtemps, avec même un certain regain ces dix dernières années. Les auteurs belges sont lus, traduits, exportés et de mieux en mieux connus. C’est peut-être le principal point faible cet ouvrage, l’absence quasi totale de propagande littéraire belge. La littérature belge existe, soit, mais pourquoi et comment se vend-elle aujourd’hui aussi bien, mystère et boule de gomme, ou en tout cas Carambar déjà mâchouillé. C’est dommage car il y avait là un filon à exploiter, bien plus intéressant que les analyses littéraires au coup par coup qui cassent complètement le rythme de cet ouvrage découpé en mille morceaux qui fait perdre tout le fil conducteur de la démarche. On trouve des coups de cœur et de la passion, mais ce sont des coups de cœur personnels que les auteurs nous font passer pour des repères incontournables de la littérature belge et qu’on a rangés dans un semblant d’ordre chronologique et thématique. L’objectivité cède le pas à la subjectivité, mais c’est souvent le cas dans les anthologies en tous genres, il faut faire un choix, le tout étant que ce dernier demeure judicieux. Quelques lacunes encombrent cette "Histoire de la Littérature belge", comme le Goncourt de Félicien Marceau ou le prix quinquennal de l’essai de Raoul Vaneigem, c’est dommage et évitable pour un ouvrage d’une telle envergure. Les auteurs ont compilé des histoires littéraires et ont regroupé tout ça sous le titre pompeux d’Histoire au singulier, c’est trompeur et plus d’un spécialiste va, à mon avis, y trouver à redire.
C’est une histoire incomplète et beaucoup trop personnalisée à mon goût. Le défi à relever avec cet ouvrage était de taille et très attendu. En effet, quel beau parallèle que celui de la littérature d’un pays et de l’identité nationale. La Belgique est un pays hybride, composé de langues et de communautés différentes. Est-ce une raison suffisante pour décomposer ce livre comme il l’a été ? Fallait-il calquer l’histoire littéraire sur l’éclatement belge ? Oui, si cela avait apporté un éclairage intéressant sur l’évolution des lettres belges, mais ce n’est malheureusement pas le cas. Si le découpage chronologique permet la comparaison des époques, il rend plus difficile celle des genres et encore plus ardue l’appréhension globale de toute cette riche histoire littéraire belge. Cet ouvrage qui a demandé pas mal de travail à ses auteurs me laisse une impression de bâclage et d’incomplet. C’est vraiment dommage car ça aurait pu être tout autre chose, un outil de première importance pour l’étude de la littérature belge.