L'expérience à l'épreuve, correspondance et inédits (1943-1960)
de Georges Ambrosino, Georges Bataille

critiqué par JPGP, le 5 janvier 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Georges Ambrosino et Georges Bataille : la recherche de la vérité
Complétées d’un essai inédit de Bataille sur Jean- Paul Sartre (1946) et de notes et manuscrits d’Ambrosino, ces lettres poursuivent le dialogue entamé avant guerre par les deux correspondants. Le philosophe et le scientifique manifestent un grand respect l’un envers l’autre. Ils cherchent à découvrir le monde et les hommes qui l’habitent, l’univers physique - celui des particules jusqu’au monde des étoiles. « Un monde formidable, si nouveau pour moi » écrit Ambrosino.

Dans cette correspondance se retrouve le côté passionné des deux correspondants. Ils sont fort de leurs savoirs mais vulnérables affectivement. Ils abordent des thématiques essentielles. Pour eux les valeurs soumises à l’éclairage du temps flambent comme des allumettes depuis les origines de l’homme, du monde, des civilisations. Les deux correspondants à la fois s’opposent et se réconfortent. Tout ne va pas sans heurts. Ils font des efforts pour toucher au mystère de l’homme dont l’essence est ce qu’il nomme « poésie . Ils continuent de la chercher comme ils le firent avant guerre au sein des premières revues qu’ils fondèrent (dont « Acéphale ») et celles qu’ils créèrent ensuite (« Critique »entre autres).

Les deux épistoliers font preuve d’écoute même s’ils s’accusent de ne pas s’entendre. Les deux auteurs font preuve d’attention, de lucidité, d’évidente responsabilité de ce qu’ils font tout en préservant la primordiale nécessité d’être soi-même. Claudine Frank offre de ce dialogue une édition scientifique, pertinente. Entre le philosophe et le scientifique, se retrouvent - pour peu qu’on les décontextualise- des réflexions qui n’ont rien perdu de leur actualité. Entre autre sur la notion d’énergie. La réflexion prend dans un tel échange une dimension telle qu’elle pourrait aujourd’hui encore « nourrir » le débat intellectuel jusque dans ses nouvelles données spécistes.

Jean-Paul Gavard-Perret