Odessa: Splendeur et tragédie d'une cité des rêves
de Charles King

critiqué par Colen8, le 31 décembre 2022
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Occidentale et orientale à la fois
Que de personnages illustres, que d’événements tragiques ont façonné Odessa, ville autant européenne que russe ! Fondée en 1794 sur un village doté d’une baie abritée au nord de la Mer Noire elle était entourée de steppes peuplées de cosaques. Sa fondation résulte de la conquête de terres ottomanes par la grande Catherine II impératrice de Russie conseillée par son ministre et amant, le prince Potemkine. Le jeune duc de Richelieu émigré sous la Révolution aura été pendant une dizaine d’années en tant qu’administrateur l’un des premiers bâtisseurs de la ville avant de devenir président du Conseil de Louis XVIII sous la Restauration.
Plaque tournante des réseaux reliant le cœur de l’Europe avec les cités de l’Adriatique et de la mer Egée elle devint un lieu cosmopolite où Ukrainiens, Tatars, Juifs, Italiens, Grecs, et même Russes, côtoyaient les paysans Allemands immigrés de l’intérieur. Moins d’un siècle plus tard la violence s’y installe sans discontinuer : anarchistes et révolutionnaires préparant la chute de l’Empire d’un côté, chrétiens enchaînant les pogromes antisémites de l’autre. Lors du second conflit mondial, longtemps resté occulté le summum de l’horreur des massacres estimés à 700 000 Juifs a été le fait des occupants Roumains alliés des nazis.
Destination touristique privilégiée de la nomenklatura soviétique pendant la Guerre froide Odessa s’est aussi distinguée comme lieu de création culturelle et de recherche scientifique. Ballotée au gré des empires successifs auxquels elle a appartenu, la ville a développé chez ses habitants une mentalité originale constitutive de son identité tout en cultivant la nostalgie de son ancienne grandeur. Ce récit vivant abondamment illustré de photos ou gravures et bien documenté prend fin en 2011. Il ne peut donc rien dire de l’actuel conflit russo-ukrainien.