La vie de l'explorateur perdu
de Jacques Abeille

critiqué par JPGP, le 27 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Jacques Abeille et l'amour des confins
Dans le cycle génial des "Contrées" qui a demandé plus de 40 années de travail à Jacques Abeille l'affection est rarement payée de retour tant il est vrai que les élans du coeur demeurent abstraits et non seulement chez les mères. Le génie de l'auteur consiste dans la création d'un univers fantasmagorique mais qui semble parfois d'un réalisme particulier. Il pourrait se toucher du doigt dans une indécise littétature de témoignage.

Et ce, au moment où l'auteur nous porte en des voies plus ou moins impénétrables particulièrement au moment où la saga se clot par absence de lumière comme par doute sur l'avenir d'un double mauscrit. Jacques Abeille l'ouvre et le ferme fidèle à la fois aux fantômes de Barthélémy l'écriveur et Léo Barthe double du créateur à l'heure "des dernières étreintes et de l'ultime énigme.

Comme un Claude Louis-Combet et avec autant de malice que lui, il propose un univers parallèle qui ne cesse de nous égarer et cela en solidarité sans faille avec des héros aussi mal lotis que nous sans que pour autant ils deviennent solliciteurs de la moindre clémence. Ils avancent, quittant d'immenses contrées, en des oueds qui auront plus ou moins irrigués jardins "statuaires" et déserts où les conflits n'ont cessé de converger en ce superbe roman de chevalerie. Celui-ci est moins dystopique que témoignage de force vives en apnée au sein de colonies pénitentiaires prophétiques au sein d'une épopée dissidente où le langage narratif tient plus que la vie elle-même. Fascinant.

Jean-Paul Gavard-Perret