Renate Buser - "Mes photographies sont plus intelligentes que moi".
de Laurent Chenu, Karine Tissot

critiqué par JPGP, le 27 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Les voyages de Renate Buser
Après Tokyo, Renate Buser est allée en Inde porter son regard et donner libre court à son imaginaire par son projet de "théâtralisation" de photographies "d'architecture". Elle dynamise les "décors" saisis dans le lieu chargé d'histoire en retravaillant ses photos argentiques. Les images ne sont donc pas de simples représentations, mais un champ d'expérimentation visuel. Il permet de récréer la dimension spatiale des monuments en 2 D..

Les prises in situ sont conceptualisées dans son atelier afin de modifier les perspectives pour transformer les lieux en décors. Ils échappent au temps, le transcendent. Les bâtisses et structures historiques avec leurs niches créent un nouvel univers capté avec un grand angle et de longs temps de pause afin de fixer le maximum de détails.

Agrandies à des formats de plusieurs mètres en panneaux grâce à un procédé spécial, les photos sont adaptées à l'espace d'exposition et le couvrent. Se distinguent par endroits l'espace réel et leurs décalages qui obligent un regard neuf. Les proportions légèrement décalées exigent un deuxième regard. Tirés de leur contexte les lieux indiens sont transformés en arcs de cercle ou demi-lunes dans cette spatialisation troublante et une dialectique entre l’espace réel et son reflet «remonté». Renate Buser à travers ses lignes de force, ses perspectives et leurs ouvertures permettent de confondre la transparence des supports et l'opacité des bâtiments.

Jean-Paul Gavard-Perret