"I am Aurore Colbert" said Marie Mons
de Marie Mons

critiqué par JPGP, le 26 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Marie Mons et les iles d'Elle
Décidée ou subie, la solitude des photographies de Marie Mons est pleine. Elle débride le vide par un nœud de contraintes trouvée dans les lieux nocturnes que la créatrice affectionne. Désormais c’est Islande en sa nuit polaire. La présence des portraits la réanime à travers un double littéraire et existentielle : manière de rappeler la violence dans la dé/repossession. A savoir ce qui touche à l’essentiel de l’être dans sa chair.

Ce double rappelle que la condition d’être n’a pas disparu : il suffit de la qualité d’un lieu, la lumière d’une mise en scène et un sens du rite. Dans la « nuit enfante » comparable aux journées dont parla Rimbaud, là où l’ombre fait barrage l’artiste ouvre à la vision par une révulsion particulière.

Manière de faire le vide en quelque sorte mais aussi de faire le pas, renverser les rôles, accepter la perte, permettre s’accéder à la douleur de l’amour. Se mettre ainsi au coeur de la glace parce qu’il y aura toujours le trop brûlant du corps. Et celui de l’île. Il faut y suivre la créatrice en ses métamorphoses et césures, ses jeux d’abstraction et de figuration pour voir un visage qui n’ajoute rien, mais ne retranche rien de l’affolement dont il sort.

Jean-Paul Gavard-Perret