La Terre et son satellite
de Matteo Terzaghi

critiqué par JPGP, le 26 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Terrestres extras de Matteo Terzaghi
La Terre et son satellite est le premier ouvrage traduit en français de Matteo Terzaghi. Né à Bellinzone il est l'auteur de l’essai "Il merito del linguaggio" (Casagrande, 2006) et de la constellation de proses "Ufficio proeizioni luminose" (Quodlibet, 2013). Il a aussi écrit en collaboration avec des artistes et des photographes dont le livre illustré bilingue italo-allemand "Pensieri e fantasticherie su un paesaggio" de Markus Raetz.

Ce nouveau livre est constitué de textes brefs. Il s'agit d'un hommage littéraire à la forme apparemment simple de la rédaction scolaire. Dans la lignée du "De Natura Rerum" de Lucrèce, entre littérature et science, ces textes explorent des sujets tels que et entre autres la pluie, le sectionnement des lombrics : " Si le premier lombric s’appelait Giovanni, comment peuvent bien s’appeler les deux derniers? Giò et Vanni, ou Luigi et Antonio ? Surtout, la question qui se pose est de savoir combien de fois le jeu peut être répété. Que se passe-t-il si on coupe aussi en deux le Luigi et l’Antonio et leurs futurs rejetons? Je me souviens que pour moi la question du sectionnement des lombrics était devenue une idée fxe".

Chaque anecdote devient un mini essai philosophique où tout bouge et où transparaissent des écrivains et artistes ( Robert Walser, Danilo Kiš, Francis Ponge, etc.) le tout avec une ironie qui permet de reviser nos visions souvent myopes. Et ce de la part de celui qui adore la pluie : "j’aime qu’elle soit si terrestre! Sur la Lune, c’est le soleil qui tape, non pas la pluie pas non plus sur les autres planètes du système solaire". Dès lors "Si un Martien trébuchait sur un parapluie, il est peu probable qu’il en devinerait la fonction originaire, non, il le prendrait plutôt pour un instrument de musique ou pour une sculpture pliable". Dès lors cela évoque pour l'auteur Giacometti, la tête rentrée dans les épaules, l’imperméable tiré par-dessus la tête, en cloche, tandis qu’il traverse une avenue parisienne brillante de pluie" photo de Cartier-Bresson. Cela fait de lui, de l'auteur et de nous des extra-terrestres à défaut d'être terrestres extras.

Jean-Paul Gavard-Perret