Jean Lecoultre: L'oeil à vif
de Christophe Gallaz, Florian Rodari

critiqué par JPGP, le 26 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Florian Rodari et Christophe Gallaz : double portrait de Jean Lecoultre
De Madrid (qu'il préféra à Paris) où, dans les années cinquante il est étroitement associé à la vie artistique espagnole, comme à Pully où se trouve aujourd'hui son atelier, Jean Lecoultre suit un itinéraire surprenant. Il est né à la peinture par l'illumination du surréalisme. Son art est à la fois un art de rupture et de recherche d'identité dans un monde qui se dissout. Il ne cherche pas à plaire en caressant le regardeur dans le sens du poil.

Le peintre vaudois s'inspire de l'univers urbain, de l'Amérique qu'il connaît par les films. Il marque aussi un goût assumé pour les matières synthétiques. Du Vaudois ont surtout été retenues les gravures. Mais il est créateur de dessins et peintures. Les essais de Florian Rodari (qui a organisé l'exposition du peintre au Musée Jénisch de Vevey) et Christophe Gallaz permettent d'entrer dans cette oeuvre exigeante et encore mal connue.

De loin il est souvent difficile de différencier les lithographies des pièces exécutées à l’aquarelle et au crayon noir, avec des collages. C'est ceux-ci que le regardeur retrouve sur les tableaux. L'artiste combine collage et dessin, avec un goût pour les figures fragmentaires et les évocations de matières allant du marbre au carreau de céramique en passant par le cuir. Tout se télescope dans une ambiance inquiétante. Florian Rodari parle non sans raison "d’une cruauté" mais où la violence est aseptisée si bien que la puissance des émotions premières est maîtrisée. Ce qui leur donne plus de force et paradoxalement d'humanité.

Jean-Paul Gavard-Perret