Ode à la ligne 29 des autobus parisiens
de Jacques Roubaud

critiqué par JPGP, le 26 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Roubaud et la gaudriole
Quittant la cérébralité de certaines pérégrinations Maître Roubaud sur un bus perché s’est adonné à une vacation farcesque. Jusque là il ne faisait pas partie de ces poètes géniaux (les regrettés Jean L’Anselme et parfois André Miguel en tête) des vagabonds de la gaudriole poétique. La plus difficile tant l’humour et la comédie a du mal à se faire au langage poétique. Roubaud ne prouvera pas le contraire. Pouirtant il s’est cru l’équarisseur des mots mais de la manière la plus plate. Se voulant sans doute primesautier, il n’est que cuistre et fade. L’ode au lieu d’un odyssée d’une ligne de bus de vient une odelette en manque de sel.

A coup de vers de mirliton « savamment » (sic) coupés d’un espace (sans doute expérimental…) en leur milieu le poète tricote à qui mieux-mieux les. « licences orthographiques : (escargot devient « escargo » pour escargot », , « hinsinuant » pour insinuant, « hélace » pour Hélas. Le tout comme si Fréférix Dartd et San Antonio n’avaient jamais existés. De peur d’insuffisance comique l’auteur en rajoute une couche et larde son texte de termes précieusement ridicules. Pris au hasard tant ça fourmille on cietra son « automédon », son « tissu hépé », ses verbes « ostender », « grondoyer ». La vulgate se croit irrésistible. Mais le forgeron d’un langage « pseudo » réduit la comédie verbale au niveau de l’almanach Vermot..

Sentant les limites d’un tel « road movie » Roubaud a fait appel à un artifice graphique créé par des professeurs et des élèves de l’école Estienne. Le livre est donc quant à sa facture plastique parfaitement soigné mais en parfaite inadéquation avec son sujet qui se voulait dégingandé. L’habit ne fait en rien le moine. Il le contredit. En charité chrétienne (puisqu’on parle de moine – hélas non rabelaisien) on considérera ce livre comme un péché de vieillesse.

De la turlutte poétique ne jaillit qu’un sirop des plus fadasses. Roubaud n’est pas Queneau. Et quoique montant comme lui dans un bus il reste à mille de ses « Exercices de Style ». Quant à son héros autobiographique il souffre sous prétexte de poses comiques d’une absence totale de la gouaille qui fit la force de Zazie. Il est vrai qu’elle voulait prendre le métro et non le bus. Roubaud aurait du lui emboîter le pas.

Jean-Paul Gavard-Perret