Vivian Maer (journal)
de Gaëlle Josse, Anne Morin

critiqué par JPGP, le 24 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Vivian Maier la nounou d'Enfer
L'immense corpus des photographies de Vivian Maier (1926–2009) - née à New York et qui passa une grande partie de sa jeunesse en France - double de facto son travail officiel de nourrice. Il est constitué de plus de 150 000 images photographiques (épreuves, négatifs, diapositives et rouleaux de films non développés) principalement en noir et blanc. Tout le monde ou presque l'ignora de son vivant et fut découvert presque par hasard dans une brocante.

Mais l'"amatrice" photographia aussi en couleurs . Après avoir abandonné son Rolleiflex, elle commença à travailler avec une caméra 35 mm et produisit 40 000 diapositives couleur Ektachrome. Femme parfaitement libre sous des apparences sévères elle s’y amuse encore à souligner - par exemple - comment la femme «normale» devient la condamnée de la société dans des visions en gros plans ou plans généraux.

Ces photos - pour la plupart inédites - permettent de comprendre plus à fond sa vision de New-York et de Chicago. La vie urbaine des deux métropoles, des années 1950 aux années 1980, possède une force poétique et ironique rare. La créatrice saisit sur le vif des attitudes parfois paradoxales et l'expression des visages. Une force de révélation inédite ouvre l'impénétrable en perçant l’ineffable. Se crée un passage entre le corps séquestré et celui qui échappe.

Jean-Paul Gavard-Perret