La robe de béton - gore des alpes N°02
de Philippe Battaglia

critiqué par JPGP, le 24 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Le système de la mode de Philippe Battaglia :
"Le Gore des Alpes, c’est de l’horreur, du macabre, du funeste. C’est le verso de la carte postale idyllique que tu envoies à tes grands-parents quand tu pars en vacances. Le Gore des Alpes, c’est aussi du sexe, douleur et plaisir, fluides corporels mélangés. Le Gore des Alpes, c’est de l’humour" écrit Battaglia pour présenter son livre et ses éditions. Mais pas n'importe lequel : celui d'un mauvais genre, noir et lucide.

Se retrouve dans ce livre le quotidien des ouvriers constructeurs des barrage ( ici de la Grande Dixence) , monde méconnu et qui a aujourd'hui disparu. Un néo-réalisme évoque les conditions de vie effroyables des immigrés. Ils travaillaient là dans la boue, le froid et les accidents, la perte des amis et la frustration sexuelle. Battaglia crée un regard sans le moindre romantisme sur le traitement réservé aux victimes qui ont créé l'or blanc de l'arc alpin et ceux qui le détruisent à leur profit : «Dès que quelque chose de pourri se met en place, on peut être certain que l’Asticot ne sera pas loin.»

Existe un hommage à la pulp fiction des années 50. L'auteur en reprend les codes et l'imagerie. Bref il faut que ça suinte. Et par tous les trous. Même ceux qu'on ajoute par couteaux ou outils. Il y a là aussi des références aux monstres du passé comme à ceux d'aujourd'hui. Les tranches de vie sont à vif en un tel bain d'encre glacé et brûlant.

Jean-Paul Gavard-Perret