Récupération du sommeil
de David Lespiau

critiqué par JPGP, le 23 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Les élans de David Lespiau
David Lespiau crée une poésie qui transcende tout témoignage ou jugement. Son pacte toujours inachevé détruit la fausse libération et de la lumière que la poésie spiritualiste entretient. La clarté est faite de contraintes, de reprises, de « durations » séparées par des espaces pour modifier leur trajectoire et créer des insomnies. La poésie versifiée introduit une sorte de prosaïsme fait de notules, de micro-récits, d’éléments de culture vernaculaire dans un « montrage » et des remodelages. S’instruisent de nouveaux réseaux et jonctions à l’intérieur du sommeil de la conscience qu’il s’agit de pénétrer pour cibler son contenu en dehors de l’apparence d’une prétendue vérité.

De la saturation mentale, de la démesure de sa monotonie que produisent le rêve et la fatigue jaillit une suite d’informations bigarrées. L’écriture les met en mouvement selon divers volumes afin d’introduire la lumière en l’obscur. Chaque élément du livre se veut actif par jeux de torsions : elles ajustent des solutions nouvelles pour faire basculer le texte hors des sentiers battus et lui donner plus de densité, d’ambiguïté, mais surtout de simplicité et de dénuement selon une trajectoire faussement "distractive". Chaque blessure reçue par l'inconscient se transforme en bombe. Un certain sourire maîtrisé de la poésie s’enrichit de transformations tacites à l’intérieur du corpus qui n'est plus réduit à un compost mentalisé par la prétention purement formaliste.

Jean-Paul Gavard-Perret