Livre des chroniques, tome 3
de António Lobo Antunes

critiqué par Jules, le 21 octobre 2004
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Pour le moins surprenant
Voici le troisième recueil de chroniques écrites par Antonio Lobo Antunes. Dans celles-ci l’auteur passe d’une époque à l’autre comme d’un sujet à un autre. Nous passons de son enfance et de ses difficultés scolaires, à sa vie d’homme marié et d’écrivains, de sa passion pour le football et le sport à la politique. Il nous parle de ses amis écrivains et des autres, de l’Allemagne, du Portugal, de l’Espagne, des difficultés de l’écriture comme celles de l’écrivain.

J’ai adoré sa chronique au titre superbe qui dit « Le hasard est le pseudonyme utilisé par Dieu lorsqu’il ne veut pas signer »

Il nous raconte aussi à quel point il envie les Russes qui parlent toujours de « la mère patrie » lui qui ne s’estime être « qu’un petit orphelin de Portugais »

Mais la plus saisissante me paraît être celle qui s’intitule « Tous deux là à écouter la pluie tomber » Il vit avec sa femme et sa belle-mère dans l’appartement. Celle-ci tombe et se casse quelque chose. « ...nous l’avons tout de même ramenée à la maison, des couvertures, des châles, et il nous reste la consolation de savoir qu’elle est morte bien au chaud. C’est étrange, mais sans elle le salon s’est agrandi. La semaine suivante, le chien. » Celui-ci meurt aussi écrasé et lui de dire à sa femme: « Tu ne trouve pas qu’il ressemble à ta mère, Irène ? » Elle acquiesce et « …l’automobiliste (qui l’a écrasé) reste bouche bée et une heure plus tard le camion poubelle a emporté la dépouille de l’animal. Le salon s’est encore agrandi, et comme nous n’avons plus personne à promener dans le quartier nous ne léchons plus les vitrines. »

Surtout lisez la suite, elle vaut le détour… « …écouter la pluie tomber… »

Antonio Lobo Antunes se caractérise selon moi par une façon différente des autres de voir et de sentir les choses. Quant à son style, il rend merveilleusement cette différence.