Ce léger rien des choses qui ont fui
de Alain Duault

critiqué par JPGP, le 22 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Musique légère d'Alain Duault
Alain Duault sait rappeler les riens qui font. Il suffit par exemple que la femme aimée « caresse d’un seul doigt la joue » pour casser nos insomnies et les débarrasser de leurs vases et brumes. Ces riens - contrairement à ce qu’indique le titre - ne se sont pas retirés totalement : l’écriture les tient. Et non par effet de nostalgie. Il arrive même que le désir soulève des jupes et fasse tourner les pages du livre existentiel. Certes « la douceur de vivre est périssable » mais contre la déliquescence et la putréfaction, le poète se rêve en deus ex machina d’épiphanies.

Sous des rappels littéraires implicites ou non, des aurores rimbaldiennes restent au rendez-vous. Au sel des larmes répond un parfum de femme. Et si peu à peu les questions s'affaissent, l'être demeure en sinon salut, du moins consolation. Un pathétique particulier évoque l’absence mais refuse toute graisse lyrique. A côté de ce qui s’efface reste un inconnu : il n’est pas à entendre au neutre. Car Duault affirme un advenir à soi qui résiste aux abîmes. Là où la blancheur et le silence pourraient arriver, jaillit la musique sensuelle de l’être. Celle-ci n’est en rien « le plus abstrait des arts » (Schopenhauer) elle dit que la lumière existe même lorsque l’ombre avale les chemins.

Jean-Paul Gavard-Perret