L’œil de la nuit
de Pierre Péju

critiqué par JPGP, le 22 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Pierre Péju, les couics et les couacs
Pierre Péju semble comme une taupe dans une taupinière lorsqu'il reprend à sa main la vie du psychanalyste pionnier new-yorkais Horace Finck. Ce héros n'est pourtant pas un parangon de praticien. Il mélange deux activités incompatibles : celle de thérapeute et d'amant - soit-elle une cliente milliardaire ne change rien à l'affaire. Au contraire.

Il va l'apprendre à ses dépens et l'auteur s'en amuse. Jamais pédant celui qui dans la vie semble entamé par rien ni personne, trouve dans son écriture une ouverture. Elle échappe aux automatismes inhérents à beaucoup de romanciers.

Par sa fiction le créateur illustre comment à la fois l'envie (par sa production d'imaginaire) et le désir (qui ramène à ce qui manque) finissent par effacer le réel. C'est affreux en théorie mais Péju en parle avec un ton particulier et drôle. Il laisse deviner l'affection qu'il porte à celui qui finalement reste un pauvre pêcheur peu soucieux de sa ligne (et pas seulement de conduite).

Jean-Paul Gavard-Perret