Le dernier livre de Madrigaux
de Philippe Jaccottet

critiqué par JPGP, le 22 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Philippe Jaccottet et la douceur
"Le dernier livre de Madrigaux" a été publié quelques jours après la mort du poète. Il reprend des poèmes publiés parfois il y a très longtemps dans la revue Sud, la Revue des Belles-Lettres et le journal Le Monde. Philippe Jaccottet écrit des visions que lui inspire l’écoute de Monteverdi dont il avait traduit des madrigaux pour sa parente, claveciniste, Christiane Jaccottet-Loew.

Son propre chant en devient l'ombre, l’appel ou la venue d’une ombre par exemple dans une forêt médiévale ou à la rencontre de jeunes femmes qui l’éloignent du monde terrestre pour accéder à une autre réalité et une autre beauté. De celles qui se touchent moins par les yeux que par les mains. Dante est aussi un motif de rêverie musicale pour Jaccottet. Elle se poursuit à le recherche d'une traversée qui permettrait d'échapper à la mort. Là où jaillit un ombre légère, comme Virgile le fut pour l'auteur de la Divine Comédie.

Musique et poésie se rejoignent sous ciel du soir se couchant. Jaccottet y voit encore briller le soleil. S'il s’en va, il refuse à céder le pas à la nuit qui avale tout même si, alors; les étoiles butinent une plus fugitive clarté. D'un genre désuet il trouve donc le moyen de préserver la beauté du monde et de la lumière. Et à l'instant de sa propre disparition, le poème triomphe de la mort au nom de la grâce et du plaisir que toute existence peut donner.

Jean-Paul Gavard-Perret