Mes années Cuba
de Caroline de Hugo

critiqué par JPGP, le 22 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Gilles Berquet & Mirka Lugosi : La pensée-corps.
Entre l’égérie (Mirka Lugosi) et son amant (Gilles Berquet) se joue un jeu amoureux et plastiqur. Le corps féminin devient lame nue. Il découpe les cohérences trop sages. Sur fond sombre surgissent des pans d’éclats. Le point lumineux est la femme élue. Pour le photographe il s’agit du soleil et ses éclaboussures. Le corps jaillit de la densité d’une force qui illumine et condense. « Hide and Seek » érotise la plénière épaisseur du féminin.

L’effet d’apparence allume un feu sacré scellé à la chair brûlante mais très douce et connue. Elle est soudain comme en protection rapprochée grâce à l’intention que Berquet lui porte. Une jonction se crée. Le regardeur plonge en l’arène d’un anatomie inatteignable qui assaille subtilement. L’égérie devient l’autre et la même du créateur. Elle se trouve chuchotée optiquement. Son souffle semble accomplir le désir du photographe en une communauté ouverte qui libère de tout manque.

L’hier revient dans le maintenant et maintient le temps d’avant pour le porter vers le futur. Des oiseaux par milliers peuvent encore nicher dans le corps puis s’envoler en une vague majuscule. Belle comme le graal la femme ignore le crépuscule. Dans l’aboi fauve d’un opéra libre et cérémoniel elle poursuit son voyage. Elle invente la naïveté qu’on accorde - à tord - aux temps passés. Elle enseigne encore l’alcool des lendemains, le vin de voluptés non mécaniques La femme rêve de la vitesse des flèches sans curare. Sa pensée claque en son corps qui reste drapeau au vent que Berquet ne cesse d’agiter.

Jean-Paul Gavard-Perret