Phare d'eau
de Jean-Paul Gavard-Perret

critiqué par JPGP, le 21 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Lumières du soir
Écrire ne défait nulle emprise. Envie d’être pourtant, comme le rappelle l’ange dit « gardien » et frémissant d’une jouissance
longtemps tenue sous la peau. Face à la sensation d’être rien, un corps prend la parole. Et ce, au nom d’un manque de père caché derrière une mère nourrissante bien en chair devenue dévorante et lumineuse mater. Ce qui ne peut que sourdement la déprimer. Quant à celui qui suit, son moi désormais troué se réalise sur le plan du fantasme qui au besoin ouvre à la création, à l’intellectualisation, à la déviance ou au suicide. Mémoire de la chair du corps du père presque absent, mémoire du corps de mère dissous. Celui des amantes engendre des doubles. Désiré, un tel sujet révèle l’objet perdu, le représente. Retour à une mère vivante revendiquant une jouissance dont elle s’est privée.
Le fils s’entend dire oui mais le non est à l’intérieur. L’analyse logique n’a pas de prise. Trous de silence, interdits, dans le discours où le «ma» ment. Comment rejouer le deux ? Le masculin s’étonne devant le féminin. L’inverse est vrai aussi. Est-ce là brouiller les pistes ?

Jean-Paul Gavard-Perret
Métamorphoses fluides des fardeaux 8 étoiles

Avec le recueil « Phare d’eau », Jean-Paul Gavard-Perret, soulève des voiles (dévoile) par une écriture originale où l’intime avec ou sans ailes (elles) s’affranchit des normes et propose une manière d’entendre autrement les mots que dans leurs usages habituels.
En utilisant mots et fractions de mots, J-P. Gavard-Perret permet aux mots de passer de l’état de chrysalide à celui de papillon. Il nous entraine par les mots à extirper les maux, et son langage libéré transporte d’une finitude à une infinitude qui métamorphose le lecteur dans des jardins secrets (là où se crée) une aventure parlante qui loin de nous horrifier, nous aurifie. Il nous invite à lire et à siroter chaque texte dans tous leurs sens possibles pour un voyage ludique en décryptant son monde à nul autre pareil. Dans ce recueil, l’auteur n’hésites pas à soulever la poussière des questions existentielles comme amusé (âme usée) de sa propre inspiration de mots que l’on triture, friture, culbute, renverse et paillarde sans « inter-dits ». A lire et à relire sans modération !

Rebecca B - - 71 ans - 25 juin 2023