Parmi les vivants
de Pierre Loye

critiqué par JPGP, le 17 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Pierre Loye : horizons décalés
Il arrive que les mots voulant glisser dans la statuaire en jaillissent par nuées. Perverse narcissique elle refuse d'être manipulée par eux : au plasticien - forcé à devenir poète - de faire avec. Il ne s'en prive pas. Mais cela est "pire" : il ne peut les suspendre. Pierre Loye trouve là le moyen de construire ou de tisser de manière baroque ce qui échappe à la représentation. La logorrhée frénétique ne crée pas l'angoisse mais invente des connexions intempestives (entre chewing-gum et réseau sans fil, véhicule à moteur et religion). Ce que l'artiste vaudois nomme "compte rendu" chargé du poids des ans est aussi un code restitué à l'existence et permet de la poursuivre.

"Parmi les vivants » peut ressembler à un impromptu par rapport au travail d'artiste de Loye. Mais son texte est riche de labours de fond là où le corps n'appartient qu'à son mystère. Reste donc à savoir comment l'œuvre va encore avancer : suite ou bifurcation qu'importe. Elle reste toujours à suivre tant il existe même dans le plus simple et le plus trivial (jusqu’à l'odeur des pieds…) beaucoup d'amour. Il préside au fil de l’art et de la vie que résume ainsi Danielle Mémoire "il n’y a pas de chemin où il n’y a pas d’amour".

Jean-Paul Gavard-Perret