Astérios, le Minotaure
de Serge Le Tendre (Scénario), Frédéric Peynet (Dessin)

critiqué par Blue Boy, le 17 décembre 2022
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Un monstre trop humain
L’homme à tête de taureau a souvent été vu comme une des créatures les plus effrayantes du bestiaire mythologique grec. Serge Le Tendre et Frédéric Peynet lui redonnent « visage humain » dans un récit qui, sans être inoubliable, reste plaisant.

Pour ce quatrième volet de la collection « Mythologies » de Dargaud (dont étonnement les deux premiers volets furent publiés il y a plus de vingt ans tandis que le troisième ne l’a été qu’en mars dernier), Serge Le Tendre a conçu une histoire autour de la célèbre créature, désormais icône incontournable de la pop-culture. Cette revisite du mythe grec fait apparaître le minotaure sous un jour totalement différent que celui du monstre assoiffé de sang qui prévaut le plus souvent. Si Astérios a conservé sa férocité légendaire (il est plus que déconseillé de l’énerver !), il est ici animé de sentiments plus humains, plus engageants, comme l’empathie ou la tristesse.

Frédéric Peynet, qui en est à sa quatrième collaboration avec Le Tendre, s’acquitte parfaitement de sa mission de « dessinateur pro » pour ce type de publication destinée au grand public. Un trait tout ce qu’il y a de plus académique (non non, j’ai pas dit « chiant »), d’un réalisme exempt de défauts. Il faut aussi reconnaître à Peynet un talent certain pour la colorisation, avec de jolies combinaisons chatoyantes qui font ressortir toute la splendeur des paysages grecs et du bleu méditerranéen.

Pour ce qui est de la narration, si l’on exclut cette digression sur le monstre cornu, le mythe d’origine semble parfaitement respecté, et l’ouvrage, fluide, se laisse lire sans déplaisir. Le bémol serait sans doute à chercher du côté du traitement du personnage. Même si le côté humain d’Astérios a déjà été évoqué à travers la littérature, notamment par Jose Luis Borges, la démarche reste intéressante. Toutefois, on aurait apprécié une analyse plus fouillée de sa psyché et de ses colères sanguinaires. Serait-ce dû au format relativement court ? Et le lecteur, inévitablement, de se demander : pourquoi l’ouvrage n’a-t-il pas bénéficié d’une parution en deux tomes comme pour « La Gloire d’Héra » ou « Tiresias » ?