Il était une fois, la guerre
de Willy Decourty

critiqué par Millepages, le 16 décembre 2022
(Bruxelles - 64 ans)


La note:  étoiles
Il était une fois l'antithèse du conte de fée
Il était une fois une aberration de 5 ans que nos grands-parents ou même nos parents, ont vécu dans leur chair au quotidien entre 1940 et 1945.
Cinq ans d’occupation, d’humiliations, de privations, d’horreurs, d’incertitudes, de résilience, de débrouille, de faux espoirs, de vrais espoirs. Avec une palette entière de comportements, des plus héroïques aux plus lâches.
Car des évènements comme ceux-là sont de véritables révélateurs d’âmes.
Les uns résistent, les autres collaborent.
Les uns protègent, les autres trahissent.
C’était particulièrement le cas au regard de la persécution aveugle de certaines communautés que les nazis voulaient rayer de l’espèce humaine.

La majorité des citoyens de ce pays étaient en résistance passive en défendant discrètement mais avec conviction leur droit à vivre librement, débarrassé du joug de l’envahisseur. La solidarité et la bienveillance étaient des valeurs répandues et réconfortantes en ces temps troublés. Quelques-uns prenaient tous les risques pour entraver les plans de l’envahisseur.
On a envie de prendre certains personnages du roman dans nos bras, tellement leur attitude en ces temps critiques fait du bien et redonne espoir en l’Humanité en ce qu’elle peut offrir de plus généreux.
Avec d’autres, on aimerait prendre le temps de discuter, de comprendre ce qui les amène à prendre le parti peu reluisant de s’accommoder avec l’ennemi. On rêverait de réussir à leur faire revoir leur jugement.
Quant à la frange d’obscurs individus aux idées nauséabondes, on leur f….. bien un @ % !& dans leur ^§ éç&& et (censuré).
Cette panoplie de personnages se retrouvent dans le roman, la plupart au sein d’une même famille. On sait que nombres de familles, de cercles d’amis, de communautés se sont durablement divisés voire définitivement déchirés en fonction de leurs prises de position vis-à-vis de la guerre. On observe aussi le raisonnement bien naïf de ceux qui voyaient l’invasion comme un mal pour un bien et que l’Allemagne allait sortir l’Europe du marasme économique dans laquelle elle se trouvait alors ; ou qu’elle allait nous préserver du péril d’une supposée invasion soviétique.
Emarger, de par sa nationalité, au camp des belligérants ne méritait toutefois pas d’entrer automatiquement dans la catégorie des criminels. Nombre d’occupants partageaient bien plus de valeurs avec les occupés qu’avec leurs propres dirigeants. Même souci de vivre en paix, en harmonie avec ses proches et l’ensemble de la société, de célébrer la vie.
Max, Fred, Claire, Georgette, Marcelle, Hans, Benjamin et beaucoup d’autres…..Les personnages sont bien campés, attachants ; certains sont truculents, quelques-uns affligeants. Je conseillerais de ne lire le quatrième de couverture qu’après les 50 premières pages du livre, histoire de découvrir progressivement par soi-même la psychologie, les valeurs, les attitudes des actrices et acteurs.
Le roman restitue bien, du long de ses 580 pages, l’atmosphère de cette époque troublée de notre passé, sur fond d’événements historiques. Particulièrement la vie à Bruxelles occupée mais aussi bombardée, comme le fut notamment un quartier d’Ixelles en septembre 1943. Avec des incursions dans la campagne belge, notamment dans le Borinage dont l’auteur est natif.
Un soir, après m’être nourri de quelques dizaines de pages et avoir ingéré au JT les dernières infos au sujet du conflit en cours un peu plus à l’Est, mon esprit sidéré et confus m’a régurgité le nom d’une sorte de monstre piteux qui semble en vouloir à la terre entière, sauf peut-être à ses sbires les plus proches, et encore à condition qu’ils lui fassent allégeance sans sourciller. J’ai nommé Adomir Poutler.