Œuvres (Tome 1)
de Victor Segalen

critiqué par JPGP, le 14 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Victor Segalen : moins l'exotisme que le sublime
Chacun des livres de Segalen est une recherche et une rencontre : avec les autres, avec le monde, avec des œuvres et avec lui-même bien qu'il ne cesse de se fuir. Mais pour se retrouver. C'est pourquoi les deux tomes de cette édition sont ordonnés judicieusement par Christian Doumet dans le mouvement des forces qui anime les œuvres et leurs marges au fil du temps.

L'exotisme s'y taille la part de lion. Mais qu'on ne s'y trompe pas. Il n'a rien ici de superfétatoire ou de platement touristique. D'autant que Segalen a horreur des écrivailleurs qui flattent le lecteur. Demeure avant tout l'ordre - ou le désordre - de la beauté et du désir caer les deux disent la précarité et l’incertitude. Mais la beauté du monde aussi.

Face à l'effet-mère qu'il dut supporter, Segalen devint prédateur de l'éphémère et ne cessa d'écrire autant dans l’urgence que dans le recueillement. Le poids de l’existence en ses déplacements sont là . En son "apprend-tissage" se touche le bord inespéré de vies inconnues pour éclairer l'orage par la parole et devant de multiples horizons. C'est aussi pénétrer dans un champ intérieur où se refoulent puis se reforment des rêves d'existence contre la solitude et dont ses "Odes" témoignent.

J-Paul Gavard-Perret