Lettres IV: (1966-1989)
de Samuel Beckett

critiqué par JPGP, le 13 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Samuel Beckett : l'homme qui marchait dans sa tête
L'exilé volontaire propose ici l’humble caval­cade de ses der­nières lettres; elles garde quelque chose d'émouvant même si toujours chez un tel auteur l'émotion reste conte­nue et toujours à décryp­ter. **

Avant que Beckett, entouré par des femmes qui venaient le voir sans son Ephad , attendait la mort en regar­dant la télé­vi­sion » demeurent dans ses lettres l’humour, la force, la civi­lité de l’auteur.

Dans le début de ce qua­trième cor­pus, Beckett est en proie aux affres de la « gloire » qui le per­cute. Cer­tains en seraient ivres.
C’est tout juste s’il s’achètera une petite villa à Ussy. Des cam­brio­leurs vien­dront la visi­ter mais en oubliant l'essentiel : les sta­tues de Giacometti.

Ensuite, Beckett doit pen­ser pen­dant qu’il n’est pas tout à fait mort à son héri­tage et modu­ler l’attention des sages (ou non) qui gra­vitent autour de son œuvre et de lui. Il doit par­fois se battre contre « les lou­fiats de la télé­vi­sion » mais ce ne sont pas les seuls. Cela n’empêche pas l’auteur d’aller encore par­fois nager en Sar­daigne.

Mais Beckett reste tou­jours atten­tif aux autres « avec amour et cha­grin » selon les cas. Tou­te­fois, de gré ou de force, la vie avance et la fin se des­sine… Si bien qu’en 1973 l’auteur se sent déjà « mort à moi­tié » et que l’œuvre suit son cours « moi­tié bien, moi­tié mal ». Que deman­der de plus ? Il y a là l'essentiel avec encore des bou­teilles de whisky mais de plus en plus de mutisme : « je deviens muet » écrit-il à Alan Schnei­der.

Jean-Paul Gavard –Perret