Le dossier Alvin
de Alessandro Mercuri

critiqué par JPGP, le 12 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Alessandro Mercuri - un héros bien encombrant
Généralement est demandé à un héros la recherche du merveilleux qu’il obtient en échange de grands risques. Néanmoins avec Alessandro Mercuri celui-là trouve un nouveau statut. Au psychologisme fait place la mécanique dans un long et irraisonné dérèglement de la fiction. La dérive proposée par l’auteur crée une nomadisation de l’esprit, une irrigation surréaliste du réel en un mouvement quasi politique de grande amplitude. Il va au plus profond dans tous les sens du terme puisqu’il s’agit – entre autres – d’explorer les abysses.

Le paysage maritime est source d’un voyage qui mène - à travers une documentation exhaustive et plurielle- à la libération suprême de l’imaginaire. A l’île mystérieuse chère à Tintin répond celle qui navigue entre réalité et fiction avant sa destruction par celle qui l’a créé : l’US Navy… Le tout dans la recherche d’un Graal inédit. Il transcende tous les codes de la narration habituelle et bien sûr le roman, de chevalerie.

Alessandro Mercuri le réinvente par un texte hybride qui bascule sous la ligne de flottaison de la pure raison. Des arrières pays sortent autant de l’inconscient personnel et collectif que de l’Histoire et de la science-fiction. Bref le « Dossier Alvin » propose ses réseaux sous-marins inédits où tout est court-circuité. Un flux rituel nomade ponctué de divers registres littéraires ou paralittéraires crée une accumulation dans une extraterritorialité de la fiction comme du réel. Le lecteur s’y perd avec délice en une suite d’arrachements « guerriers » jusqu’au faîte d’une profondeur abyssale jusqu’au creux d’un étrange sommet : nul jusque là pouvait imaginer y descendre ou y grimper.


Jean-Paul Gavard-Perret