Une vie française
de Jean-Paul Dubois

critiqué par THYSBE, le 14 octobre 2004
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Confession d'un baby boom
Paul Blick, fils d’une correctrice de presse et d’un concessionnaire Simca, voit sa vie bouleversée par la mort de son frère aîné Vincent, son idole, son modèle. Les parents anéantis par cette disparition, ne s’en remettront jamais. Petit garçon en état de déréliction, il devra donc faire son apprentissage de la vie par ces propres moyens.
Sur fond d’actualité et politique de la 5ème république, il sera cornaqué aux expériences de l’existence par des compagnons d’infortunes. Ce parcours mené et malmené par les aléas conjoncturels, nous est conté avec humour et tendresse.
C’est le bilan d’une vie à la crise de la cinquantaine, avec un regard dérisoire sur ses étapes en tant que frère, fils, amant, mari, père, grand-père, veuf, chômeur … Une vie insignifiante parmi tant d’autres mais relatée sur un ton véhément et humain.
Les personnes de cette génération se reconnaîtront.
Un livre qui fait chaud au cœur. Une valeur sûre de la rentrée littéraire 2004.
Grande ambition, résultat moyen 5 étoiles

De grandes louanges m'ont conduit à lire ce livre de Jean-Paul Dubois, auteur que je ne connaissais pas et j'avoue ma déception. L'ambition est bien de créer une chronique de la France de la seconde moitié du XX° siècle à travers un personnage principal, Paul Blick, et une cohorte de personnages secondaires formant ses familles, ses amis et ses rencontres. Le résultat est très moyen. L'écriture de Dubois est correcte, sans plus, souvent chargée de mots précieux destinés à faire illusion. Les personnages, y compris le principal, manquent de réalité, de poids, de chair. Le tout semble construit comme il convient de le faire pour plaire avec ce qu'il faut de provocation, de sexe et d'évènements surprenants. Le découpage en chapitre suivant l'ordre des présidences françaises est original, mais mène l'auteur à des commentaires politiques d'une banalité affligeante qui parsèment un texte consacré pour l'essentiel au cheminement du héros dont le caractère est pourtant assez mal défini. Au total, une impression de grande banalité sur le fond non sauvée par l'écriture, un médiocre téléfilm.

Falgo - Lentilly - 85 ans - 15 octobre 2014


Atteindre le nirvana, selon Jean-Paul Dubois 8 étoiles

Que dire, après 40 avis, d’Une vie française? Que c’est le premier roman de Jean-Paul Dubois que je lis, et qu’on oublie rarement sa première fois… Que les critiques de Heyrike et de Kinbote ont, à mes yeux, déjà très bien saisi ce roman.

Je relèverai cependant cet extrait, au moment où Paul Blick parle du type de photographie qu’il pratique : ''Celui qui regardait mes photos pouvait penser que je vivais dans un univers où la vie telle que nous l’entendons communément avait bel et bien disparu. Pourtant, si toutes ces images donnaient à voir des choses plutôt que des êtres, il me semblait que chacune, dans sa modeste candeur, son refus d’apparaître, inspirait une forme de paix, de douceur et même de bienveillance.''

Dans une vie, il n’y a rien d'autre à découvrir que la vraie nature de sa propre conscience, l’autre n’existant pas davantage que Dieu. Et, comme l’écrit Jean-Paul Dubois, ''l'autre n’est que le reflet trompeur de soi-même, le miroir chargé d’apaiser la terreur d’une insondable solitude.''

Comme le mentionne Kinbote, je trouve qu'il y a un lien énorme avec Michael Collins, le troisième astronaute de la mission Appollo 11, qui, selon Dubois, est ''un homme sacrifié et soumis à une inconcevable torture cosmique.''

Pourtant, sur ce site (http://spaceflight.nasa.gov/history/apollo/…) et dans sa biographie, on peut lire ceci à propos de Collins, qui sera à au moins 3 200 kilomètres de ses collègues astronautes, Neil Armstrong et Buzz Aldrin, et à plus de 350 000 kilomètres du reste de la population terrestre:

''Shortly after arousing Collins, still circling the Moon in the Command/Service Module, Mission Control observes: "Not since Adam has any human known such solitude as Mike Collins is experiencing during this 47 minutes of each lunar revolution when he's behind the Moon with no one to talk to except his tape recorder aboard Columbia.''

''During the 47 minutes of each orbit that he was out of radio contact with Earth, the feeling he reported was not loneliness, but rather awareness, anticipation, satisfaction, confidence, almost exultation.''

Comme quoi la vacuité du non-sens, le filament illusoire qu’est la vie, plutôt que générer de l'angoisse, peut aussi procurer une certaine béatitude, voire un état proche du nirvana.

DomPerro - - - ans - 11 mars 2013


Ce que c'est que d'être français 9 étoiles

"Une vie française" est le deuxième roman de Jean-Paul Dubois que je lis, après "Kennedy et moi".

J'ai beaucoup aimé le style, assez simple, fluide, qui restranscrit parfaitement ce sentiment du personnage principal qui, avec une déconcertante lucidité, vit chaque instant comme un moment d'une vie à côté du monde, désespérément loin et à côté des autres.

Etranger d'abord à ses propres parents, puis à sa femme et ses enfants, il l'est aussi à cette société française de la 5ème République.

Parfaite incarnation d'un paradoxe bien français, qui veut qu'on ait fait de la République une quasi-monarchie, que l'on clame qu'il faut changer le monde tout en donnant du "c'était mieux avant", qu'on aime son pays mais sans aimer son peuple.
Et qu'on vit, malgré soi, malgré cette lente agonie que semble être la vie, et sans s'en rendre compte, des petits moments de bonheur.

Lu7 - Amiens - 38 ans - 22 août 2012


Bonne lecture qui accroche 8 étoiles

Je referme ce bon roman, le second que je lis de l'auteur après "Le Cas Sneijder" qui m'avait beaucoup plu.

On retrouve les mêmes thèmes ou obsessions de l'auteur soit encore un personnage principal solitaire, plein de certitudes et qui refuse de se faire influencer dans un parcours pas banal.

Des anecdotes tantôt érotiques, tantôt politico-historiques ont pour but d'accrocher le lecteur, et ça marche.

Cela donne envie de découvrir d'autres oeuvres de l'auteur.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 16 juillet 2012


Ici il n'y a rien en quoi croire, au-delà non plus. 8 étoiles

Le roman qu'on aurait aimé ne pas aimer. Je reprends volontiers le titre de la critique de Saule, car il correspond exactement à ce que j'ai ressenti en achevant la lecture de ce roman. Tout cela paraît si facile, si évident dans la façon qu'a l'auteur de nous emmener dans son histoire. Mais en fait il fait vibrer la corde sensible de l'âme en nous plongeant dans la vie de Paul Blick, on sent que chaque mot, chaque phrase se situent à la frontière de nos propres existences. Une écriture simple, même si elle est parsemée de mots très (trop) peu utilisés. Le personnage de Paul Blick ne brille pas par son optimisme, il navigue en solitaire à travers sa propre existence sans trop savoir en quoi elle est supposée être, et d'ailleurs sans vraiment trop s'en préoccuper.

L'idée de tramer le récit sur les différentes périodes politiques est excellente, cela permet de parcourir une page de l'histoire de notre chère république. Paul Blick se montre très critique voire virulent envers les différents pouvoirs en place.

Les nombreux traits d'humour interviennent en forme de contre pied dans cette histoire où les désillusions sont nombreuses, un savant dosage qui nous rappelle que la vie est traversée par d'innombrables échecs qui place l'individu au cœur de sa propre identité humaine, le renvoyant à l'inéluctable, là où il n'y a ni dieu ni mémoire.

"Je n'ai jamais prié. Ni compris ces simagrées consistant à mettre un genou à terre et à supplier quand il n'y a nulle oreille pour vous entendre. Je n'ai jamais prié, ni cru de bonne foi en qui que ce soit. Je vois la vie comme un exercice solitaire, une traversée sans but, un voyage sur un lac à la fois calme et nauséabond. La plupart du temps nous flottons. Parfois sous l'effet de notre propre poids nous glissons vers le fond. Lorsque nous le touchons, lorsque nous sentons sous nos pieds la substance vaguement molle écœurante de nos origines, alors nous éprouvons la peur ancestrale qui habite tous les têtards voués à l'abattoir. Une vie n'est jamais que ça. Un exercice de patience, avec toujours un peu de vase au fond du vase."

Heyrike - Eure - 57 ans - 13 mai 2012


Très beau livre 9 étoiles

Un autre critique de ce site a qualifié le style de Dubois comme suit: simple, beau et fluide. C'est exactement ce que je pense d'Une vie française. Une histoire aussi simple que captivante, intelligente et touchante. Vraiment Jean-Paul Dubois a un talent indéniable et tous ses romans m'ont plu jusqu'à présent.
Vivement à conseiller!

Jonath.Qc - - 46 ans - 2 janvier 2012


Une réussite totale 10 étoiles

Découvert -à ma plus grande honte, car je connaissais pas du tout Jean-Paul Dubois- il y a 4 ans, ce roman m'a terriblement impressionné par sa construction impeccable (l'exercice de style est redoutablement difficile), la qualité de son écriture et sa capacité à porter un regard aiguisé sur son époque et notre société. Et pour le même prix, nous avons un humour, parfois caustique, parfois tendre, de très bon aloi.

Je n'ai jamais retrouvé la même "grâce" et le même équilibre dans les nombreuses autres oeuvres de Dubois que j'ai pu lire par la suite. Celui-ci est juste impeccable, une réussite totale, certainement un des meilleurs romans français qu'il m'ait été donné de lire ces dernière années.

A mettre en parallèle, par le titre, avec le roman faisandé de Frédéric Beigbeder "Un roman français" qui, lui, a obtenu le prix Renaudot... Comme dirait l'autre :"Ya pas photo !".

Chrisland - - 64 ans - 2 novembre 2011


Pot-pourri 7 étoiles

Une vie dans laquelle on trouve un peu de tout : des moments simples, d’autres brillants, ou originaux, et beaucoup carrément médiocres.
Il y a aussi des pages d’un réel mauvais goût, dont on se serait bien passé.
Cela donne un ensemble plutôt bon, mais qui aurait pu être nettement meilleur.

Bernard2 - DAX - 75 ans - 26 septembre 2009


Pas de fièvre livresque 8 étoiles

Jean-Paul Dubois met en scène Paul Blick : Fils d'un concessionnaire Simca et d'une mère correctrice de presse, Paul passe son enfance à Toulouse, obsédé par la mort de son frère décédé à l'âge de 10 ans d'une péritonite. Études médiocres de sociologie, brève ambition musicale, initiation sexuelle surprenante, Paul est un enfant de la Vème république et le récit de sa vie, jusqu'à ses cinquante ans, nous le prouve. Les chapitres sont découpés selon les évènements historiques de cette période : De Gaulle, Mai 68, Pompidou, Giscard, Mitterrand et au final Chirac. Ce sont ces évènements qui rythment le roman de manière très anecdotique avec beaucoup de réalisme.

Aparté : A chaque chronique que j'écris, un dilemme s'empare de moi : Dois-je raconter l'histoire ? Personnellement, je ne suis pas pour et je préfère vous laisser le choix et privilégier mes émotions de lectrice (de toute façon, rien ne vous empêche d'aller sur le net pour en savoir plus).

Adéquation parfaite du titre avec le récit de Jean-Paul Dubois, les personnages sont communs, n'ont rien d'héroïque et nous ressemblent. L'écriture de l'auteur, que j'ai découverte avec ce roman, est à la fois mordante et pétillante, sarcastique sur divers thèmes politico-sociologiques, tendre et émouvante également notamment un passage où Paul nous parle de sa passion presque amoureuse pour les arbres et la nature.

Jean-Paul Dubois est un excellent écrivain qui nous montre "la richesse de la vie tout en soulignant son absurdité, sa lâcheté et sa bêtise". "C'est un portrait contemporain et lucide d'un homme d'aujourd'hui, bousculé par ses contradictions intimes et son mal de vivre". Son écriture est effectivement magnifique.

Je ne me suis cependant pas prise d'affection pour Paul... que je ne n'aime pas beaucoup, il faut le dire. J'ai lu ce roman avec intérêt mais sans fièvre livresque. Il mérite cependant d'être lu même si le héros n'attire, à mes yeux, pas vraiment pas la sympathie.

Fanyoun06 - - 55 ans - 27 mars 2009


Une belle épopée 10 étoiles

Les critiques ci-dessous l'ont dit : ce livre est d'une fluidité extrême et se lit très bien.
l'écriture est simple et à la fois nous transporte dans plusieurs époques au travers desquelles on ne peut rester indifférent!

un bon cru!

ADE - MARSEILLE - 46 ans - 24 septembre 2008


instructif 7 étoiles

L'on suit avec intérêt la trajectoire fourvoyée de ce gauchiste soixante-huitard. En tant que "non-français", je me suis réellement instruit en lisant les descriptions d'ambiance de telle ou telle période précise de la France d'après-guerre. Je déplore cependant l'acharnement de l'écrivain à systématiquement traîner dans la boue chaque président de De Gaulle à Chirac. Je garde malgré tout un excellent souvenir des tranches de vie du protagoniste dont certaines sont tellement prenantes qu'elles ont certainement été vécues par l'auteur!!!!

AntoineBXL - Bruxelles - 45 ans - 9 septembre 2008


Un être au coeur d'une époque... 5 étoiles

On me l'avait tellement vanté, que je m'attendais à quelque chose de plus fulgurant...
Mais sans être passionnant, ce livre a au moins le mérite de raconter un morceau du siècle dernier (certes très subjectivement) et le récit de vie d'un homme qui ne s'enjolive pas, raconte ses opportunismes, ses défaites et qui décrit le monde d'une manière désabusée, dépassant les "Les gens étaient tellement plus travailleurs/polis/moraux avant."

Le café de... - Perpignan - Bordeaux - 40 ans - 19 août 2008


Une vie simplement française 6 étoiles

Je ne sais pas trop quoi penser de ce livre . Je vois plus le côté sociologique du livre que son côté roman, intéressant de voir les différents points de vue dans une même famille, la génération 68 et post 68 . Mais l'écriture trop limpide, trop simpliste, trop vulgaire par moments, m'a ennuyé (j'ai eu envie d'abandonner mais curieuse de savoir la fin). Des passages auraient dû être plus recherchés avec son père notamment mais l'épisode de sa maîtresse était vraiment de trop . Mais c'est vrai que ce roman est une vie française racontée , je ne recommanderais pas ce roman ni ne le déconseillerais .

Tyty2410 - paris - 38 ans - 8 juin 2008


DU GRAND DUBOIS! 8 étoiles

Jean-Paul DUBOIS écrit bien, vraiment très bien, on se laisse volontiers «prendre» dans son style simple, beau, fluide…

Je n’ai pas grand-chose à rajouter à toutes les critiques déjà faites ici, je voudrais juste dire que j’ai vraiment beaucoup aimé cette histoire, simple, banale, chronique d’une vie tout ce qu’il y a de plus ordinaire…

J’ignore la part de l’autobiographie et la part d’invention de l’auteur dans ce livre, mais c’est un récit où tout le monde se retrouvera à un moment ou à un autre… tant les évenements décrits pourraient concerner n’importe lequel d’entre nous…

En un mot je dirais simplement que le livre de Jean-Paul DUBOIS se dévore sans faim, les pages se tournent d’elles mêmes, l’écriture est toujours aussi belle… Sans aucun doute la France tient là un des ses plus grands écrivains contemporains… il serait temps qu’elle s’en aperçoive!..

Septularisen - - - ans - 6 février 2008


Toute une vie 9 étoiles

Des présidents qui défilent et une vie avec. Le narateur nous dépeind la vie d'un homme qui ne comprend pas son temps ni son entourage qui s'enferme dans une solitude que lui même ne comprend pas. Beaucoup de moments forts, triste ou joyeux, on vit cela comme un film, on passe par toutes les émotions possibles. Toutes ces émotions et cette proximité passent grâce à la plume exceptionnelle d'un auteur qui a l'air de l'être tout autant.

Soleada - - 35 ans - 31 décembre 2007


Une vie française 8 étoiles

Voici l’histoire de la vie riche et mouvementée d’un toulousain né dans les années 50, avec en toile de fond la succession des dirigeants de la Vème République. Le récit, très vivant, passe naturellement d’une émotion à une autre, et l’on ne peut s’empêcher de rire à gorge déployée à l’évocation – pêle-mêle – de la grand-mère rigide et autoritaire, de ses « trois jours » rocambolesques, des dentistes un brin sadiques, etc.… Une écriture riche, précise et agréable, qui passe facilement du rire à l’émotion, de la description épique d’un mariage chahuté ou des échauffourées du mai 68 toulousain, à un sentiment plus profond lorsque le narrateur décrit sa passion dévorante des arbres et du monde végétal, ou nostalgique et désenchanté lorsque les évènements se font tragiques.

Albireo - Issy-les-Moulineaux - 47 ans - 19 mai 2007


Un pur bonheur! 10 étoiles

Une vie française est, à la fois, le roman d'une génération et l'inventaire d'une existence. Il restitue une époque et le destin de son héros, obscur journaliste sportif, devenu par hasard photographe riche et célèbre, avant de se retrouver simple jardinier...
Que pour la qualité de l'écriture, la recherche de la langue écrite et de la richesse de son vocabulaire, je recommanderai à quiconque ce magnifique roman.
Un roman dont le souffle n'a rien à envier aux grandes sagas familiales, dans une traversée du siècle menée au pas de charge. J'ai littéralement dévoré ce livre en trois jours...
Comme Zola, Balzac, Hugo ou n'importe quel grand de la littérature, cette qualité et ce talent d'auteur permet à peu près d'écrire n'importe quoi, tout réside en la maîtrise des mots.
Un pur bonheur!

FranBlan - Montréal, Québec - 82 ans - 17 février 2007


Une vie sous la cinquième 9 étoiles

Tout commence par la mort du frère, Vincent, Dans la famille de Paul Blick, on ne se remettra jamais vraiment de cette disparition. L'ombre du disparu hante les pages, les événements vécus par Paul son frère qui confesse cinquantes ans de sa vie. Cinquantes ans sous la cinquième, de la longiligne carcasse du général de Gaulle à la gouaille populaire de Chirac. Histoire d'une famille du Sud-Ouest. La vie de Paul Blick qui se construit en parallèle à l'actualité. Mai 68, le premier pas de l'homme sur la lune, l'explosion de l'usine de gaz de Toulouse. Ces grands événements, ces petites anecdotes qui font la grandeur d'une vie. Bonheur, malheur, la frontière n'est jamais visible et on l'enjambe sans vraiment sans rendre compte. J'ai aimé justement la description de cette vie cyclique, avec ses hauts, ses bas. Paul Blick à qui rien ne semblait pouvoir arriver, heureux photographe de la nature, fortune faite et qui pourtant va basculer suite à la mort de sa femme. Une saga familiale simple comme la vie mais d'où sourde des questions plus universelles, intemporelles. On semble reconnaître certains romans de Philip Roth. Tant Jean-Paul Dubois, d'une histoire somme toute banale ( divorces, ruptures, décès, naissances) tisse quelque chose de plus prenant, dans lequel on est peu à peu entraîné.
Un roman dans lequel je retiendrai également l'égoïsme de tous les personnages, malgré l'attachement qu'ils se portent tous : Paul Blick, vivant sa vie au gré des éléments , avec une certaine distance, ne s'impliquant jamais vraiment,; sa femme Anna, adepte d'Adam Smith et ancrée dans son mondé réel; la belle-mère qui ne pense qu'à elle. Reste finalement les deux personnages les plus touchants, le beau-père à la tête de son magazine sportif et la mère, inaltérable, attachante en fan endiablée de Tonton Mitterand.
Et félicitons l'auteur pour ne pas avoir basculer dans la happy-end facile, montrant ainsi qu'une vie, finalement, ce n'est jamais noir ou blanc, mais plutôt noir et blanc

Nothingman - Marche-en- Famenne - 44 ans - 4 novembre 2006


Touchant Dubois! 10 étoiles

Toute un livre pour narrer toute une vie. Que demande de plus le peuple français? Un vrai bonheur. A lire au plus vite.

Marafabian - - 51 ans - 11 août 2006


Un peu de pour, mais plus de contre 7 étoiles

Autant le dire tout de go : shame on me, je ne me souviens plus de grand-chose à propos de ce livre. Quelle nécessité alors d’en faire une critique ? Ben justement, de prévenir les lecteurs potentiels de cette « Vie française » qu’ils passeront un agréable moment de lecture, mais qu’ils n’imaginent pas un contenu dense… Et pourtant c’est toute une vie qui est ici envisagée. En outre, je n’ai pas bien saisi l’intérêt de faire coïncider les étapes de la vie du protagoniste avec les successions des différents présidents français. Ca n’apporte rien, sinon des pages supplémentaires.

Par contre, j’ai apprécié la fin. La tentation eût été grande de clôturer l’aventure sur un happy end… Pour ma part, je préfère les points de suspension, fruits d’une certaine forme de désenchantement, de confrontation avec l’insondable.

Quant au style, il est certain que Dubois possède un vocabulaire étendu. Il utilise même des mots qui ne sont pas dans mon dictionnaire, dis donc ! Mais bon, dommage que cet étalage n’étaie pas une histoire qui en vaille la peine parce que du coup, ça fait un peu poudre aux yeux…

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 3 mai 2006


Une part de soleil 7 étoiles

Longtemps (300 pages) je n’ai pas aimé Paul Blick. Je le voyais en gauchiste « peau de lapin », de ceux qui prennent la pause plus qu’ils n’ont d’émoi ou d’émotion devant les malheurs d’un monde qu’ils ne supportent plus. Je le sentais jouisseur plus qu’amoureux, indifférent à tout, désabusé. Bien sûr, quand il raconte ses enfants, j’ai été touché mais ceci ne dure pas et le voilà courant le monde, égoïste et solitaire. Je ne sais pas si on peut imaginer Paul Blick heureux. Mais je sais que le bonheur est le grand absent de cette vie et il faut attendre des pages et des pages pour lire le mot bonheur. Je lui en voulais de donner de ma génération cette image, que je ne crois pas représentative, un peu veule, sans aucun sens des valeurs, insignifiante et finalement inutile.

Et puis il y a ce moment (les 100 dernières pages) où il redécouvre sa mère, s’occupe d’elle, redevient attentif aux autres et notamment à sa fille. Contrairement à d’autres lecteurs, j’ai trouvé très belle la fin de ce récit, sorte de rachat d’une vie vide bien que tragique. Comme quoi, il faut toujours lire un roman jusqu’à la fin comme il faut toujours rechercher inlassablement chez l’autre sa part de soleil.

J’ai un sentiment mélangé en refermant « Une vie française ». Le bonheur de lecture, la qualité du style, l’intérêt de l’histoire, le reflet bien rendu d’une époque ( même si le découpage en septennats m’a paru artificiel), l’humour de l’écrivain se mêlent à une certaine vacuité, une noirceur trop appuyée, un caractère un peu anecdotique comme l’a justement souligné un autre lecteur. On n’est pas chez Philip Roth auquel Dubois veut rendre hommage dans des pages qui ne sont les plus réussies.

Un très bon livre dont je sors insatisfait. Comprenne qui pourra !

Jlc - - 81 ans - 17 avril 2006


Le roti familial 6 étoiles

Trop anecdotique et pas assez romanesque, manque d’épaisseur. Tout est dans la scène du rôti familial honoré par David. « Famille, je te hais » ou bien « valeurs bourgeoises, je vous déteste », dit le narrateur, soixante-huitard pur et dur. Qu’est-ce qu’il reste une fois qu’on a compris le message ? Des anecdotes… Cependant j’ai trouvé quelques bonnes raisons pour trois étoiles : Dubois a un style vif, accrocheur, il a de l’humour. Et il rend habilement l’esprit d’une époque.

Béatrice - Paris - - ans - 19 mars 2006


Si j'étais un homme 10 étoiles

On le voit au nombre d'étoiles que j'ai attribuées, j'ai adoré ce roman.
Je ne connaissais pas Jean-Paul Dubois et ça m'a donné envie de découvrir les autres.
J'adore son style d'écriture, j'aime sa façon de dépeindre une société, des gens, des situations.
Je me suis sentie dans cet homme, j'étais proche de lui comme si j'en étais un.
Je le conseille vivement.

Trefoil - Mons - 55 ans - 7 février 2006


Du grand roman ! 10 étoiles

Jean-Paul Dubois nous offre à travers ce roman une oeuvre magnifique, qui permet de se promener sur les cinquante dernières années. C'est sans aucun doute le roman le plus abouti de l'auteur, beaucoup d'émotions circulent dans ce livre, de la peine, de l'amour, de l'humour et de la colère. J'avais lu ce roman lors de sa sortie et je l'avais adoré, je viens de le relire en format poche et mon verdict reste le même, c'est un livre à lire. On peut le comparer à un grand roman qui apporte un regard sur les dernières décennies, bref il faut le conseiller à tous.

Laurent63 - AMBERT - 50 ans - 1 janvier 2006


Monsieur Dubois, dites-moi pourquoi...? 5 étoiles

Curieuse de découvrir la vie d'une génération dont je ne fais pas du tout partie, j'ai pris en main votre livre pleine d'optimisme.
votre style m'a touché et j'ai aimé votre humour et le vitriol que vous savez diluer.
cependant, dites-moi pourquoi, Monsieur Dubois, suis-je restée sur ma faim, après avoir tourné la dernière page?
c'est une impression globale, un sentiment indéfinissable. peut-être aurait-il fallut rajouter un peu plus de rebondissements dans la vie de votre personnage ou alors trouver un style un peu plus dynamique?
je ne me suis pas retrouvée bien sûr dans la période 1950-1980 mais pas plus dans la période actuelle, ma génération. je sors de votre livre avec un léger sentiment de déception, et déjà j'en entame un autre..

Angie8244 - - 41 ans - 2 décembre 2005


Allez, une vie tout court ... 7 étoiles

Une vie française. La vie d’un français, de 50 ans, traitée en parallèle avec l’ évolution politique du pays. A chaque Président son chapitre, chapitre qui ne constitue pas toujours d’ailleurs une coupure d’avec le précédent.
Non, l’intérêt réside plutôt dans l’histoire de Paul Blick, de son enfance à sa déchéance d’homme cinquantenaire puisque déchéance semble devenir inévitable l’âge avançant …
Depuis son enfance, c’est De Gaulle qui gouverne, et un évènement majeur qui fondera sa personnalité ; la mort de son frère aîné, aimé, admiré, pas remplacé. Ni chez Paul ni surtout chez ses parents et surtout sa mère. Il est cinquantenaire à la fin du roman, nous sommes sous l’ère Chirac, et la fin est bien ambigüe. Interprète chacun comme il veut.
Paul grandit et devient adulte avec la terrible évolution de 1968. Autre élément fondateur de sa personnalité. L’occasion aussi pour JP Dubois de clins d’oeil, flèches, considérations assassines ou « politiques ». On sent d’ailleurs que cette période l’a davantage intéressé que celle, disons du premier mandat Chirac et la suite. Il y a comme une accélération à la fin comme s’il avait fallu terminer ou comme si tout ce qu’il avait à dire était passé.
Les rapports enfants/parents tiennent une grande place (dans la vie aussi d’ailleurs !). Paul et sa mère, Paul et ses enfants. Les rapports hommes/femmes également, mais de manière plus légère, cynique et détachée. Le sexe tient une grande place dans ces rapports là.
Une vie française se lit très facilement. On aime ou on n’aime pas mais ce n’est pas chichiteur. C’est direct, proprement écrit. Le genre de roman qu’on abandonne difficilement.

Tistou - - 68 ans - 14 octobre 2005


Parmi les souvenirs du commun des mortels 8 étoiles

Etant né en 1979, j'ai eu un peu de mal pour entrer dans le "présent " du début du roman, les années 60-70...
Par contre, les années Mitterand-Chirac m'ont évidemment beaucoup plus touchées, tous ces souvenirs de tous intégrés dans la vie de Paul...

Les personnages sont assez extraordinairement décrits... Mais heureusement qu'il y a tout de même Vincent Blick (le fils de Paul pas son frère) qui a l'air d'être un vrai personnage gentil et bien dans sa tête... Anna, les parents de Paul, ses beaux-parents, ses amis... tous des originaux... et que dire de Paul alors.

Roman très agréable à lire. J'aurais vraiment aimé avoir 50-55 ans aujourd'hui pour vivre ce roman plus de l'intérieur... peut-être qu'en 2040, une nouvelle "vie française" sera réécrite...

Manumanu55 - Bruxelles - 45 ans - 26 septembre 2005


Comme dans un miroir 6 étoiles

Je partage assez largement l'opinion de Saule: j'ai passé d'excellents moments à la lecture de ce roman et pourtant, celle-ci achevée, je me pose la question: à quoi bon tout cela?
Il y a certainement un effet de génération à la base du plaisir que procure ce livre qui, comme un miroir, nous livre un reflet de ce que nous fûmes, de nos espoirs et de nos déceptions (je parle évidemment pour ceux qui, comme moi, appartiennent plus ou moins à la même génération que Dubois). Mais je crains fort que ce roman ne s'inscrive pas dans la durée. Nous l'aimons (enfin, je l'aime) parce qu'il nous renvoie à nous-mêmes, parce qu'il donne une image romanesque (même si elle n'est pas toujours positive, peu importe) de notre "destinée". Qu'en restera-t-il dans quelques dizaines d'années lorsque cet effet d'identification aura cessé? Peu de choses, je le crains, sinon un témoignage parmi d'autres de ce que fut le climat d'une certaine époque.

Guermantes - Bruxelles - 77 ans - 7 août 2005


Le roman qu'on aurait aimé ne pas aimer. 7 étoiles

Une vie française. Le titre est bien choisi : le film de la vie d'un homme intriquée dans les époques qui l'ont vu vivre. Il y a un peu de nous qui défile dans ce livre, j'aime la sensation de la vie qui passe et qui s'accélère. J'aime aussi le côté rétro et nostalgique, un peu comme l'exercice "Je me souviens" de Lucien sur le forum Vos écrits.

Paracelse a raison, Bacri était inoubliable dans "Kennedy et moi" et on retrouve un peu de ça ici. Les scènes avec le dentiste, le psychanalyste, le passage au journal sportif, la femme d'affaire branchée "Adam Smith", tout ça est vraiment drôle. Mais par moment c'est lourdingue : la scène du roti, le trempoline sur le lit notamment. Et puis le ton désabusé c'est amusant mais ça lasse : on a l'impression que le narrateur a vécu la crise de la quarantaine pendant toute sa vie.

N'empêche, on aime bien et on s'amuse, même si on le regrette (de bien aimer). Mais après, dans la dernière partie, le livre s'essouffle. La farce devient tragédie et le héro neurasthénique. Le tragique ressemble plus à du pathétique et j'ai eu du mal à prendre le narrateur au sérieux.

Un petit extrait, représentatif du ton désabusé et pessimiste (ou lucide, à vous de juger) : "Je tenais l'amour pour une sorte de croyance, une forme de religion à visage humain. Au lieu de croire en Dieu, on avait foi en l'autre, mais l'autre, justement n'existait pas davantage que Dieu. L'autre n'était que le reflet trompeur de soi-même, le miroir chargé d'apaiser la terreur d'une insondable solitude".

Saule - Bruxelles - 59 ans - 4 août 2005


Radiographie des 50 dernières années 8 étoiles

Voilà un auteur que je ne connaissais pas et que je vais ajouter à ma liste des auteurs à lire absolument.

Dans ce roman, le style parcourt les pages sans lasser, avec des phrases qui touchent malgré un vocabulaire qui est loin d'être passe-partout.

Ce Paul Blick est attachant ; il lui arrive ce qui peut arriver à n'importe quel individu d'entre nous (désillusions, décès, chômage, faillite, mais aussi joie, amour, famille...). Et ce qui est très sympa, c'est de replacer systématiquement les évènements politiques, économiques, culturels qui ont fait la France (et qui la font toujours puisque le roman s'arrête de nos jours), ce qui fait qu'on y croit vraiment, on s'y attache, on est plongé dans la réalité.

Nounours - FLEVILLE DVT NANCY - 59 ans - 7 mai 2005


Le syndrome de Collins 8 étoiles

A parcourir les critiques, on s’aperçoit que Dubois ne laisse pas indifférent : en gros, on aime ou on n’aime pas. Pour ma part, je me suis plusieurs fois surpris à être ému, touché par les malheurs que subit le narrateur, son frère mort jeune, la mère qui décline et qu’il soutient jusqu’au dernier jour comme si c’était le dernier gage de vie, sa fille qui flirte avec la folie. Sa vie sentimentale et sexuelle en ruine depuis toujours : chaque fois qu’il croit faire jouir une femme, il s’illusionne. Le manque d’égard pour les différents présidents de la France, qu’ils aient été de droite ou de gauche. Le seul qui semble avoir grâce à ses yeux, c’est Jospin, qui aura (du moins jusqu’à il y a peu) - qui avait donc, serait plus juste - rompu le jeu politique. Et ce passage sur l’enfant avorté, comparé à l’astronaute Collins resté en margé de l’aventure lunaire...
« Je me disais qu’il en allait de même aujourd’hui du fœtus dont était en train de s’occuper Ducellier. Lui aussi avait fait un long périple dans l’univers palpitant de l’infiniment petit. Mais tout au bout de cette traversée, il n’avait rien trouvé qu’une porte infranchissable et un hublot au bout duquel, comme Collins, il n’avait pu qu’entrevoir un monde dont il entendait le bruit, percevait les vibrations, mais sur lequel il ne pourrait jamais marcher. » Comme une métaphore de l’existence, du bonheur avorté de Paul Blick et de la nuée de personnages secondaires, incapables d’accéder à toutes les joies supposées de l’existence, qu’on pense trouver un jour à un tournant de notre existence en un pack joliment enrubanné, et avec lequel on sera seulement capables de s’emmêler dans ses noeuds.

Un roman qu’on aurait bien aimé aimer, écrit Killgrieg. Il y a effectivement comme un manque, la sensation que les faits s’ajoutent aux faits sans qu’il y ait un être vivant, même passif ou désabusé (mais avec force, du moins dans le compte-rendu de son parcours), pour les enregistrer, leur donner du sens ou une absence de sens mais de façon intense. L’impression que les personnages sont plutôt « repris » que « présentés », et lorsqu’ils deviennent utiles au récit. Ou par trop caricaturés comme le David Rochas du rôti. A moins que Jean-Paul Dubois ait voulu écrire l’histoire personnelle d’un être sans véritable projet qui se forge sa philosophie de l’existence au gré des événements. Ou bien, comme l’a justement montré Lucien, qu’il ait écrit ce roman sur le modèle de celui de Maupassant.

Kinbote - Jumet - 65 ans - 30 avril 2005


Une vie française 9 étoiles

Contrairement à d'autres, Jean-Paul Dubois publie peu. Et bien visiblement, cela lui réussit ! Car il nous livre en cet automne 2004 un des plus beaux livres de la rentrée ! « Une vie française » s'inscrit comme une saga, racontant la vie d'un français un peu décalé, un poil désabusé, souvent en porte-à-faux, comme le sont habituellement les personnages de cet auteur… et ce, sur une cinquantaine d'années, offrant ainsi au lecteur une vision également panoramique de l'évolution de la France, tant sur un plan économique, sociologique que culturel ! Les titres des chapitres font d'ailleurs référence aux Présidents en cours d'exercice, la vie de ce Paul Blick démarrant sous De Gaulle pour s'achever à notre époque sous Chirac.

Jean-Paul Dubois est un dandy littéraire assez influencé par l'Amérique (admirateur d'auteurs comme Raymond Carver ou John Updike) et qui sait parler comme nul autre de la « mid-crisis », cette crise de la quarantaine qui frappe d'autant plus fort ceux qui ne se sont jamais sentis complètement adaptés, tant à la société qu'à leur vie tout court, et qui conservent toujours un regard distancié et quelque peu sceptique sur ce qui leur arrive… (« Je ne voulais pas travailler huit heures par jour. Il était hors de question que quelqu'un d'autre décide pour moi de l'heure à laquelle je n'avais plus sommeil… »). Et Dubois le fait avec dérision, distanciation, élégance et humour noir. Ses titres de romans sont d’ailleurs révélateurs et parlent pour lui : « Les poissons me regardent », « La vie me fait peur », « Je pense à autre chose », « Parfois je ris tout seul »… L'un de ses livres, « Kennedy et moi », a également été brillamment adapté au cinéma par Sam Kerman, avec un Jean-Pierre Bacri (dans son meilleur rôle) qui collait parfaitement à cet univers un peu désabusé.

Ceci étant, même je prenais toujours du plaisir à lire les livres de Jean-Paul Dubois (livres que j’achète fidèlement, comme je vais voir fidèlement chaque année le nouveau Woody Allen, qui pourrait être d’ailleurs un de ses cousins…), je trouvais aussi qu'il tournait un peu en rond. Y manquait notamment à mon goût de l'émotion. Et bien son dernier livre, au classicisme pourtant très formel, me comble dans toutes mes espérances, car non seulement, il y a des scènes jubilatoires qui m'ont fait éclater de rire toute seule (dont une sexuelle avec un rôti qui n'est pas sans rappeler l'humour salvateur de « Portnoy et son complexe » de Philip Roth, auteur que Dubois affectionne particulièrement, ce qui me fait dire que cette scène doit être une sorte d'hommage, tout à fait réussie !), mais il y a également des scènes émotionnelles intenses, où perce beaucoup de tendresse. Scènes qui nous prennent d'ailleurs par surprise. Et l'équilibre précaire qui consiste à doser rires et larmes est ici parfaitement dosé, et le signe d'un livre qui s'annonce comme une réussite majeure ! Le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé (il est classé parmi les meilleures ventes), de même que les critiques, qui l’annoncent bien placé pour le Goncourt. On ne pourra que se réjouir de constater que, pour une fois, tout le monde semble d’accord !

Paracelse - Paris - 62 ans - 29 avril 2005


Prix Fémina 8 étoiles

Je suis d’accord avec la grande majorité des opinions exprimées ici, sauf concernant la noirceur qui règne dans le roman. La vie est faite de hauts et de bas, on ne peut y échapper.

Dubois a un talent fou pour écrire avec subtilité. Il tient pourtant un propos assez tranché parfois, mais à aucun moment je n’ai senti la hargne ou le cri de révolte primaire employé trop souvent par d’autres écrivains.

De manière générale, je déteste la saga familiale, particulièrement lorsqu’elle est construite à partir de la vision d’un narrateur. On doit se taper les grandes envolées lyriques sur un aïeul extraordinaire, les opinions insipides et les anecdotes ennuyeuses du cousin germain. Ce roman, ce n’est pas ça.

J’aurai préféré que Dubois laisse plus de place aux personnages secondaires et utilise plus de dialogues pour varier les longs blocs de texte. Mais même dans sa forme rébarbative on avale les lignes avec un plaisir soutenu grâce à une plume raffinée et une habileté d’une efficacité redoutable pour dégager à grands traits - l’humour, la tristesse, l’injustice ou l’ironie de cette vie française. Voilà une saga familiale, qui pour une fois, a sa place dans la littérature.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 7 avril 2005


D'un président à l'autre, d'un virage à l'autre... 8 étoiles

L’histoire d’une famille française de la cinquième république dont les chapitres correspondent aux mandats présidentiels n’est pas sans intérêt. Cette approche journalistique a su me plaire d’autant plus que Dubois manie bien la plume et fait usage d’un humour que j’apprécie. L’auteur possède un bon sens de la synthèse, des opinions bien précises sur la politique et la religion.

Les événements et comportements des citoyens sont mis en parallèle avec ce qui se tramait au niveau national ou mondial. On passe de la gauche à la droite puis de la droite vers le centre, sans avertissement. La sexualité omniprésente ne se formalise pas, elle s’adapte. Elle s’adapte aux classes sociales comme aux idéologies, elle est intrinsèque aux individus.

L’histoire des membres de cette famille m’est d’abord apparue comme secondaire sauf qu’au fil de ma lecture je me suis convaincu que chaque lecteur a pu s’identifier à l’un ou l’autre des personnages pour une période donnée… et ce n’est pas le fruit du hasard. Si d’outre Atlantique j’ai pu ressentir la chose, j’imagine cela d’autant plus vrai pour le lecteur français car cette histoire est celle d'une famille française et plusieurs passages sont spécifiquements français. Cependant, nombreux sont vos cousins qui s'y sont retrouvés!

Boudha - Beloeil, Qc - 67 ans - 7 mars 2005


Nombrilisme 8 étoiles

Que l'on ait attribué à Jean Paul Dubois le Prix Fémina 2004 ne m'étonne pas du tout , il le mérite amplement . Les divers jury ont couronné de bien pires "choses" . Son bouquin est bien fait et surtout très bien écrit dans un style vif et journalistique . Dans cette longue narration de sa propre vie , Dubois nous tient parfaitement en haleine , de sorte qu'on ne lâche pas le bouquin . Fils d'un garagiste Simca assez prospère et d'une correctrice intransigeante et mitterrradienne , il démarre dans la vie avec le handicap de son frère aîné mort prématurément . Il passe ensuite sa vie , un peu comme un bouchon de liège gauchiste voguant au fil de l'eau . Il s'inscrit en fac de lettres , section sociologie , obtient son diplôme en ne faisant strictement rien , couche à droite et à gauche au gré de ses instincts , se marie avec une battante issue d'un milieu fortuné , se marie , a deux enfants et gagne sa vie , heureux homme , en faisant quelques photos pour deux albums qui ont un grand succès .
On nage dans la saga familiale style P.Roth , version cassoulet , avant que tout ne bascule dans le drame , la déchéance et le sordide. Comme si cet enfant gâté de la gauche caviar , plutôt obsédé par le sexe , était enfin rattrappé par un destin finalement malveillant .
Il ne s'agit bien sûr pas d'un roman , mais de la biographie désenchantée d'un individu qui ne croit ni à Dieu ni à Diable et qui ne sait finalement pas pourquoi il est venu sur cette terre .
Donc un nombrilisme un peu sinistre mais qui ne laisse pas indifférent car nous avons tous un peu de ce Paul Blick ....quelque part .

CCRIDER - OTHIS - 76 ans - 5 mars 2005


pas déplaisant, mais... 6 étoiles

On ne résume pas un livre qui est déjà le résumé d’une vie. Le héros, Paul Blick -presque un clin d’œil- nous raconte sa vie en France, en sept chapitres et cinq présidents.
A l’aide d’anecdotes qui nous rappellent à quel point notre expérience personnelle est universelle et banale, l’auteur navigue entre François Truffaut et Lang (pas le génie ni l’homme politique, l’autre, le réalisateur de l’hôtel de la plage). Il suffirait d’oublier quelques passages trop facile pour savourer pleinement ce roman, mais un cliché, même savoureux, reste un cliché, du déjà-vu. Jean-Paul Dubois s’excuse d’ailleurs en citant Philip Roth pour justifier l’anecdote du rôti dans lequel un de ses camarades prend du plaisir… il aurait aussi bien pu faire référence à American pie –vous savez, la tarte dans la cuisine.
Une vie française fait partie des livres qu’on aurait bien aimé aimer et c’est déjà bien. Ce livre est un bilan, un testament. Un livre où tout est tellement vrai, trop peut-être. Un livre à lire comme on suit Urgences le dimanche soir.

Killgrieg - boulogne billancourt - 59 ans - 5 février 2005


Ne jamais s'abaisser à... 8 étoiles

Une vie française s'organise dans des chapitres dont le titre porte le nom de chaque président avec la période de son mandat. La saga familiale s'incruste dans chacune d'elle.
J'ai pu vibrer lors de certaines séquences sur le même tempo que le Paul de la cinquième république.
Les situations grivoises apportent du piment à l'ouvrage.
Quelques événements internationaux sont incisivement présentés tandis que la religion est complètement bannie et désavouée.
Le refus de photographier un président, même si celui-ci en fait personnellement la demande entre dans ma conception de ne jamais s'abaisser à faire quelque chose qui n'entrerait pas dans le cadre que l'on s'est fixé.
Bernadette COUTURIER

Bernadette COUTURIER - - 72 ans - 16 janvier 2005


Bouleversant ! 9 étoiles

Et voilà, je suis triste car je viens de terminer "Une vie française" de Jean-Paul Dubois, mais je suis tout de même content car c'est le premier de Dubois que je lis. L'histoire : celle de Paul Blick, enfant de la Cinquième République. On suivra avec passion ses aventures, péripéties, drames... L'écriture, d'une incroyable chaleur, assez cynique, assez émotive, en tout cas superbe, m'émerveille. Ce roman, quoi qu'il y ait quelques passages plutôt gais, est d'un désespoir, d'une tristesse à vous faire chialer. Ce roman est gracieux, tout en belles phrases, en beaux mots. Un superbe livre. Mon coup de coeur de cette rentrée. Car le génie de Dubois est de réussir à nous conter le rapport collectif/individu. Il mélange allègrement la mort de Franco, son ami Rochas qui encule les rôtis de sa mère, le avril, les fesses de Laure... Il parvient à nous conter ça sans que son roman tombe dans l'artificiel. Ce roman, d'une noirceur inouïe, vous transporte. A lire absolument...
Un extrait ?
"Il faut s'imaginer la France d'alors [les années 60], une 406 bleu marine ou grise, intérieur en velours ras, de Gaulle au volant, les deux mains sur le cercle, Yvonne à ses côtés, le sac à main sur les genoux, et nous, nous tous, derrière, en proie aux nausées des promenades dominicales, à l'ennui vertigineux d'un avenir déjà démodé. Paul VI au balcon et Pompidou à l'accordéon, indécrottable Premier ministre, éternel porte-coton de la Ve République. Oui, nous tous à l'arrière, les vitres légèrement entrouvertes pour nous faire tenir tranquille et surtout éviter les remous d'air."

N'est-ce pas saisissant ?

A lire !

Le petit K.V.Q. - Paris - 31 ans - 8 janvier 2005


Un Maupassant moderne 8 étoiles

Je me souviens de ce roman de Maupassant, "Une Vie", où la malheureuse Jeanne perd peu à peu ses illusions sur la vie, traversant quelques décennies du XIXe siècle pour n'atteindre, au soir de sa journée terrestre, qu'un fragile réconfort devant le visage heureux de sa petite fille, seul bien qui lui reste au terme d'une existence où tout s'est écroulé.
Ce roman de Jean-Paul Dubois est construit sur le même schéma : le narrateur, né à Toulouse en 1950 (comme l'auteur...) traverse la vie comme un voyageur qui voit s'effriter peu à peu le monde autour de lui, comme une ombre de moins en moins nette à mesure que pâlissent les illusoires soleils qui lui donnaient un semblant de réalité.
Ce pessimisme, ou ce réalisme, est aussi un point commun avec Maupassant. Deux brefs extraits, s'il fallait s'en convaincre :
"L'amour est l'un de ces sentiments sophistiqués que nous avons appris à développer. Il fait partie des divertissements opiacés qui nous aident à patienter en attendant la mort."
"La vie n'était rien d'autre que ce filament illusoire qui nous reliait aux autres et nous donnait à croire que, le temps d'une existence que nous pensions essentielle, nous étions simplement quelque chose plutôt que rien."
Un peu plus d'un demi-siècle dans la vie d'un homme né cinq ans après la fin de la guerre, c'est aussi l'occasion pour Dubois de brosser, en parallèle avec la sienne, la petite et la grande histoire de la cinquième république à travers les mandats successifs de présidents qui n'ont, finalement, guère plus de majesté que des tyrans de régimes bananiers. Grandeur et déconfiture de Simca, affaire du Rainbow Warrior, diamants de Bokassa, Percy Sledge et Jimi Hendrix, sang contaminé et libération sexuelle, mai 68 ou manifestations anti Le Pen, tours du 11 septembre ou explosion de gaz à Toulouse, un peu d'espoir, quelques projets, quelques amours, un peu de sexe. Et le filament qui brûle, qui brûle dans la petite ampoule de la vie, le mince filament qui rougeoie, qui fait son possible, qui brûle un peu beaucoup avant la rupture annoncée.

Lucien - - 69 ans - 7 décembre 2004


La grâce de Jean-Paul Dubois 8 étoiles

Découvert un peu par hasard en lisant "Kennedy et moi", le charme de l'écriture de Jean-Paul Dubois a opéré d'emblée et m'a incitée à découvrir ce qu'il avait d'autre à me dire. J'aime ses hommes un peu décalés, nostalgiques, pleins de contradictions, mal mariés parfois, un peu en-dehors du monde ou en tout cas à côté, rêveurs, silencieux souvent, qui observent leurs semblables avec un zeste de froideur et de cynisme, une petite pointe de cruauté mais de la tendresse aussi, amers mais sans aigreur. Et pourtant ses livres sont drôles, très drôles même. Les couples se cherchent, se trouvent rarement, parfois par hasard, pour une courte trêve, charnelle, délicieuse, mais toujours à recommencer. Les femmes sont des louves qui savent ce qu'elle veulent, bien plus catégoriques et pragmatiques que leurs compagnons. Les rapports avec les enfants sont toujours difficiles, sans illusions mais non dénués d'amour. Il y a un ailleurs qui plane, une envie d'autre chose, une espèce d'idéal qui ne sera jamais atteint…ce n'est pas pour cette fois, il y a des peut-être dans les livres de Jean-Paul Dubois… jamais des sûrement.
Son style est simple, ses phrases courtes, son humour est noir et plein de causticité. Il nous raconte les choses de la vie avec une espèce de grâce un peu désabusée. Mais il ne faut pas oublier le Jean-Paul Dubois journaliste qui a écrit des chroniques pour le Nouvel Observateur, réunies dans deux livres :"L'Amérique me fait peur" et "Jusque là tout allait bien en Amérique", autre facette d'un homme discret, qui a jusqu'ici très peu fait parler de lui malgré seize ouvrages publiés en vingt ans. Dans "Une vie française", J.-P. Dubois est plus prolixe. Il a trouvé un souffle plus long. C'est très différent de ce qu'il écrit habituellement et ma foi, il y réussit très bien. Il retrace sans vouloir rien démontrer, en témoignant simplement d'une vie qui est peut-être la sienne, inscrite dans un contexte plus grand, une vie en France, ce ne pourrait pas être ailleurs, non.
Jean-Paul Dubois est un enchantement.

Maria-rosa - Liège - 69 ans - 29 novembre 2004


Iconoclaste 8 étoiles

Aurions nous trouvé notre Philip Roth national ? Peut être, mais c'est à coup sûr un tour de force que de faire de façon aussi synthétique le portrait d'une génération perdue. C'est un livre au vitriol sur la France d'aujourd'hui, un livre iconoclaste. Alors que ce pays traverse une dangereuse crise de nostaligie à l'égard des temps passés, JP Dubois démolit les mythes des années twist, disco et fric. Jamais une génération n'aura eu autant de possibilité de changer le Monde. Paul Blick symbolise à lui seul les lachetés et les compromissions d'une société qui ont abouti à ce qu'il s'est passé en avril 2002. A mettre entre toutes les mains et à méditer.

Omer - - 54 ans - 25 novembre 2004