Le Courage des rêveuses
de Jacqueline Merville

critiqué par JPGP, le 11 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Jacqueline Merville : Mémoire et dystopie
Complexe et dense ce grand (quoique court) roman est grevé de terribles événements tels que la terreur de la Shoah ou encore du tsunami que l'auteure avait relaté déja dans "The Black Sunday (des femmes-Antoinette Fouque, 2005). Mais il y plus car le livre nous ramène au présent.

Sans apparaître stricto-sensu la pandémie du Covid-19 rampe au moment où la rêveuse et "survivante" finit par se réveiller. Son songe reste d'une actualité percutante au moment où bien des questions demeurent : "J’ignore ce qu’est devenu le monde dont je me souviens." Mais d'ajouter aussitôt : "De ma mémoire je me méfie aussi. Est-ce bien la mienne ?". Pour le savoir - écrit-elle - "Il faudrait que je puisse parler avec celles et ceux qui n’ont pas eu la tête lessivée. Alors je saurais que le monde dont je me souviens est réellement le monde".

Des questions demeurent et occupent la narratrice à chaque pas et courent sur le clavier. Le roman ne cesse d'interroger d'autant que l'artiste se plaît à brouiller les pistes. Non par perversité mais pour renvoyer le monde à sa confusion et son chaos là où l'auteure pousse plus loin la sidération, le courage des femmes et en ouvrant la porte en dernière page à une sorte de sortie peut-être commisérative.

Jean-Paul Gavard-Perret