Polyphonie landaise précédé de Paratge
de Carles Diaz

critiqué par JPGP, le 11 décembre 2022
( - 78 ans)


La note:  étoiles
Carles Diaz : les paysages et leurs doubles
Sous forme de diptyque deux textes aspirent à contenir l'existence d'un lieu en un seul livre. D'où un système poétique de dissolution et de recomposition des Landes de Gascogne. Mais le paysage est peu reconnaissable tant "la flamme blanche du givre / déjà a glissé sa lame" pour inciser les pins et sucer leur substantifique moelle.

Aux impressions paysagères se mêlent les qualités que Diaz accorde à l'âme occitane. Il devient l'arpenteur vagabond d'un monde occidental là où "la ligne interrompue des dunes" fait basculer l'ombre pour que se perçoive l'éclat des heures. Cette approche rappelle une forme d’expressionnisme qui n'exclut pas un certain baroque tant l'espace est soulevé à l'épreuve de la sensibilité poreuse à un tel lieu.

"Alors que le ciel se montre accablant" de partout et face aux crooners de l'âme qui nous bradent et soldent leurs ersatz, Diaz en balaie la poussière par ses ellipses et laps. Son univers devient un ici-même mais aussi un partout. Peu à peu la vie exulte il ne s’agit plus de penser le monde comme une fable brisée au moment où au paysage Diaz offre d'imprévisibles abords.


Jean-Paul Gavard-Perret