Poétique du silence
de Stefan Hertmans

critiqué par JPGP, le 11 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Stefan Hertmans : Faire parler le silence
Stefan Hertmans s'intéresse ici aux poètes du silence. Et rassure à leur sujet : "Il n’y a pas à s’apitoyer sur les poètes qui sont confrontés à l’indicible : ils sont plongés en permanence dans leur travail." même si de Celan à Beckett et bien d'autres ceux qui fraient avec l'innommable vont au bout d'eux-mêmes en cette recherche de l'antériorité des mots et jusqu'au cri qui les précède.

Un tel indicible ne peut pas facilement se dire : l'auteur sait bien que ce chant du départ est bien plus hermétique que ce qui s'émettrait à l'origine au nom d'une source plus ou moins céleste. C'est dans la profondeur de la chair que tout se joue pour lui - entre autres celle de qui se retrouve inapte à la vie. Certes d'un créateur à un autre, le sujet n'est pas le même - que l'on pense par exemple à Rimbaud et Blanchot.

Le poète et essayiste belge estime cette quête plus intellectuelle dans la littérature française que dans l'allemande. Il y a en cette dernière selon lui quelque chose de plus tragique. Voire... Certes cela repose comme chez Sarah Kofman ou Celan sur quelque chose d'irrépressible qui pousse au suicide. Et se retrouvent de telles traces chez Trakl ou Walser, Mais chez bien des auteurs francophones béent des profondeurs cachées là où l'être est toujours retourné, prisonnier de sa vie à l'envers qui - à force - finit par grincer.

Jean-Paul Gavard-Perret