Et tout soudain en rien
de Suzanne Doppelt

critiqué par JPGP, le 10 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Le regard de Suzanne Doppelt
A partir du "Blow Up" d'Antonioni Suzanne Doppelt "remonte" vers un cadavre qui pourrait sembler opposer sa densité au glissement du temps. Mais il devient, par la photographie, cet objet, cherché sans cesse - dans des suites de prises et de marches silencieuses en un parc cerné d'une ombre profonde", dans lesquels, toujours, émerge une clôture ou autre manière de borne à ne pas dépasser.

Si bien que le réel ou ce que nous prenons comme tel finit par disparaître. Une enquête vaguement nostalgique ne peut que porter le doute non seulement à l'image et sa prise mais aussi au "si je suis" des héros de Beckett.

Le personnage incarné par David Hemmings ne parvient pas à saisir ce que l'image a montré. Mais son signe (du moins ce qu'il en reste) prouve que ne demeure comme vrai que le vide dans la nature du parc londonien. Manière pour Suzanne Doppelt d'interroger le regard. L'auteure n'a cesse d'ouvrir son tombeau. Rien n'y fait : son énigme reste intacte.

Jean-Paul Gavard-Perret