Le cinéma intérieur. Projection privée au coeur de la conscience
de Lionel Naccache

critiqué par Nav33, le 8 décembre 2022
( - 76 ans)


La note:  étoiles
Une approche ludique de la neurologie de la vision et de la conscience , en analogie avec le cinéma
La première étape est très simple : il s'agit de l'impression que dans un film les roues d'un chariot tournent à l'envers. Ceci est du ,comme nous le savons tous, au fait qu'un film est constitué de 24 images par seconde et donc qu'un décalage entre les images et la rotation des rayons des roues va, à une certaine vitesse , créer cette illusion. Cependant si nous observons directement une roue qui tourne , le phénomène de perception est identique et on a pu déterminer que notre vision échantillonne les images au rythme de 32 par seconde . C'est la première démonstration que la vision n'est pas une fonction continue , mais qu'elle est constituée d'éléments discrets (au sens mathématique , comme la succession des nombres entiers).
La suite de l'ouvrage , reprend à chaque étape cette analogie entre le cinéma , avec ses trucages ,effets spéciaux etc. et le processus neurologique de la vision , et ceci de manière ludique. Ce qu'on nous a présenté souvent comme des « curiosités » , des illusions d'optiques , nous est ici restitué comme les éléments d'un système au service de la perception de notre environnement . La vision compense le point aveugle du au passage du nerf optique sur la rétine , elle colorise les parties périphériques de notre champ de vision dont les couleurs ne sont pas prises compte par les bâtonnets sur le pourtour de la rétine etc .
Tout cela est assez simple , mais ensuite viennent des éléments moins intuitifs, comme ceux mis en évidence par l'expérience de Sperling , sur la perception inconsciente de certains éléments. Les derniers chapitres concernent la conscience qui serait également un phénomène discret et non continu. La mémorisation de notre vécu serait constituée par un échantillonnage de souvenirs , bien que nous ayons l'impression d'une continuité .

Cet essai est très plaisant et jusqu'à un certain point facile à lire. Son contenu n'est pas le fruit de spéculations gratuites , mais de données expérimentales auxquelles l'auteur lui même a contribué. Il cite des collaboration  notamment celles d'autres neurologues qui ont eux aussi publié des ouvrages de vulgarisation , comme Jean-Pierre Changeux ou Stanislas Dehaene.
Le seul bémol pour moi concerne les illustrations , qui seraient plus lisibles et percutantes si elles étaient reprographiées de meilleure qualité , et si certaines étaient en couleur.