Les romans autour de la Seconde Guerre Mondiale abondent, ces derniers temps, sans doute en raison de la facilité avec laquelle on y détermine le camp des gentils et celui des méchants. « Les Dernières Heures » présente le mérite d’inviter le lecteur à considérer la situation comme moins évidente, non que le livre cherche à dédouaner les nazis, loin de là, mais parce que ce roman nous permet une immersion, via les personnages d’Élise et Sebastian, dans une réalité vécue où l’on a bien du mal, en réalité, à savoir comment se comporter.
1944, Élise, jeune Française vivant avec sa mère et sa petite sœur, étouffe dans cette existence faite de peurs, de compromissions, de privations et d’humiliations. Elle tombe amoureuse de Sebastian, jeune interprète allemand auprès des autorités nazies, lui-même de plus en plus mal à l’aise et sceptique vis-à-vis de son camp. Comme ils se rencontrent dans les derniers mois de la guerre, l’auteure nous donne à voir ce que l’on voit rarement dans la littérature de fiction concernant la période : la libération de Paris et les semaines confuses qui se sont ensuivies, entre joie, règlements de compte, justice expéditive… C’est haletant et on vibre au gré des désespoirs des personnages dont l’histoire personnelle se retrouve piétinée par la grande Histoire, bien peu soucieuse d’entrer dans la compréhension des motivations et des contraintes pesant sur chacun d’eux.
Une belle réussite pleine d’émotions !
Reginalda - lyon - 58 ans - 15 janvier 2023 |