Clara lit Proust
de Stéphane Carlier

critiqué par Psychééé, le 29 novembre 2022
( - 35 ans)


La note:  étoiles
Un avant goût d'A la recherche du temps perdu
Clara est une jeune coiffeuse qui travaille dans un petit salon de Saône-et-Loire où règnent les ragots du village. Tout le monde lui envie son amoureux pompier, un bellâtre magnifique avec lequel elle n’a plus rien en commun après quelques années. Et puis l’ennui et les coïncidences la poussent à découvrir « Du côté de chez Swann », oublié par mégarde par l’un de ses clients. Et alors là … C’est le coup de foudre littéraire. Pas un coup de foudre instantané, non, un coup de foudre à petit feu qui finit par exploser et la saisir toute entière.

Sa transformation s’opère progressivement avec d’abord des mots comme des fourmis allongées qui l’accablent parmi des phrases qui la touchent incontestablement et éveillent des souvenirs enfouis. Puis tout autour d’elle devient proustien, comme s’il n’était plus possible de voir le monde autrement.

C’est vrai qu’il y a beaucoup de clichés poussés à outrance dans ce livre et destinés à nous faire rire – et ça marche ! Une coiffeuse ou un chauffeur de bus qui lit Proust, quelle idée (#humour) ! Mais il y a finalement aussi une bien belle destruction de ces clichés, un renversement qui nous montre que tout le monde peut être « saisi par la grâce de Proust », peu importe son métier ou sa classe, il produit souvent un émerveillement à qui se laisse séduire par ses oeuvres. On passe des clichés à la vraie vie, au côté plus réaliste et moins manichéen des choses et ça fait du bien !

Ce livre, c’est un avant goût de la Recherche du temps perdu avec des extraits, des analyses et autres modes d’emploi de lecture du monument de Proust pour notre plus grand bonheur ! Il renvoie au pouvoir des livres, capables de changer toute une vie et de réunir des fans, avides d’échanger des heures entières sur cet amour commun. L’auteur nous entraîne facilement dans l’univers de Proust avec beaucoup de plaisir, d’humour et de sensibilité. Pari tenu de Stéphane Carlier, rencontré au Livre sur la place à Nancy : me donner envie de lire Proust !