Avalanche de silences
de Patrick Henin-Miris

critiqué par Débézed, le 11 novembre 2022
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Avalanche de fines pensées
Patrick n’est pas un inconnu pour moi, pas plus qu’un petit nouveau chez Cactus inébranlable éditions, ce recueil est le troisième que je lis dans la collection P’tits cactus et je dois ajouter à ceux-ci un autre opus publié dans la collection Microcactus. C’est donc un auteur chevronné qui connait bien les formes courtes et percutantes, que je commence à bien connaître.

Comme il l’écrit, peut-être au sujet de ce recueil, « Dans ce livre les mots rient et semblent heureux d’être entre eux », c’est un véritable plaisir de lire un livre où les mots se sentent bien. Des mots qui composent des aphorismes comme l’auteur, ou l’éditeur, je ne sais…, le précise dans un propos introductif : « Un aphorisme donne à penser. Et il arrive même que parfois il puisse provoquer tout un recueil ». Alors, c’est peut-être ainsi que ce recueil est né, un recueil où « L’aphorisme est un jeu de pensées, pas de mot ».

Un jeu de pensées où l’auteur exprime sa vision du monde tel qu’il lui a été révélé dès sa naissance. « Viens mon petit, maintenant je t’emmène au cirque, m’avait dit ma mère en sortant de la maternité ». Ce cirque, c’est le monde qu’il a découvert où il grandi et où il dû gagner sa croûte. « Voilà qui est cohérent, on nous donne la vie, et après il faut la gagner chaque mois ». Ce monde où il éprouve beaucoup de déceptions. « Le monde est partagé entre les cons des uns et les cons des autres ».

Après avoir évoqué le monde, il parle un peu de ceux qui l’occupent, de la vie, de la mort, de l’amour et de beaucoup d’autres choses encore. « L’amour est comme une orange, chaque quartier a la saveur et la couleur de l’orange entière, mais ce n’est pas l’orange entière ». Dans ses réflexions, propositions, constatations et autres pensées, j’ai trouvé quelques idées que je partagerais volontiers avec lui. « J’atteins l’âge où il neige des flocons enflammés sur mes souvenirs d’enfance ». Là, je ne peux pas le cacher, je suis arrivé à cet âge où la mémoire n’est plus une valeur très sûre. Je partage volontiers aussi sa façon de considérer la lecture, « Ce n’est pas tant ce qu’on écrit qui est important, c’est ce que les autres lisent ». Donc Patrick ne m’en voudra pas si ce commentaire est plus l’expression de ce j’ai lu et pas forcément de ce que lui a écrit.

La profondeur de sa pensée et la finesse d’esprit de ses aphorismes m’ont séduit, comme celui-ci par exemple : « Ce joli mot en est réduit à vendre ses lettres à la sauvette ». Patrick est inquiet de l’usage qu’il peut être fait de ses aphorismes. « Je m’inquiète souvent du sort de mes aphorismes quand ils tombent dans certains cerveaux » qu’il se rassure ils ne sont pas tombés dans une mauvaise cervelle. Ils ont trouvé une plume bienveillante qui saura les saluer comme ils le mérite.