Le musée des contradictions
de Antoine Wauters

critiqué par CHALOT, le 9 novembre 2022
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
des nouvelles qui nous interpellent
« Le musée des contradictions »
d'Antoine Wauters
Editions du sous-sol
107 pages
mars 2022

On ne rit pas, on réfléchit

C'est de la nostalgie, du mal être et des réflexions sur le sens de la vie.
L'auteur a bien mérité le prix Goncourt de la Nouvelle 2022 mais nous sortons de la lecture mi-convaincu mais surtout un peu secoué.
C'est bien construit, merveilleusement bien écrit, de la prose qui ressemble à de la poésie.
L'auteur nous convainc assez facilement et nous partons nous aussi de l'EPHPAD, comme ces femmes et ces hommes qui décident de s'enfuir de cette antichambre de la mort lente où il n'y a « pas de chaussures, pas de travail, pas de bière digne de ce nom ».
Ils préfèrent se sauver en pyjama et perdre la vie mais garder la dignité, leur dignité.
Ah ces jeunes qui veulent tout dévorer, tout briser à 15 ans et à 20 ans et qui se retrouvent sans perspective et avec peu de moyens d'existence.... Que faire ? Se laisser voler sa jeunesse, ne plus avoir de perspectives ou laisser tout, y compris ses enfants, pour vivre enfin, de rien mais vivre.
Ce n'est pas moral, certes mais cette société est-elle morale ?
Ce président qui nous dit qu'il suffit de traverser la route pour trouver du travail, nous fait-il une leçon de morale ou nous ment-il ?
Le discours d'une joie revenue de loin me va très bien : « Nous sourions, pensant à Noël qui vient et à notre envie d'offrir à nos enfants des heures de silence, et des kilos de rien, et des kilomètres de temps vierge et de vacance sur les sommets. »
Ce fameux rien vaut mille fois les heures passées devant les écrans et cette communication artificielle qui a remplacé les échanges d'autrefois.
Nostalgie quand tu nous tiens !

Jean-François Chalot