Prédateur de la Terreur - O.M.W.O.T: One Man War On Terror
de Benjamin Marra

critiqué par Pucksimberg, le 16 octobre 2022
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Un OVNI
Au lendemain des attentats du 11 septembre, George W.Bush demande la création d’une équipe d’agents : Les prédateurs de la terreur. Ils doivent maintenir l’équilibre du pays et éliminer toutes les menaces possibles. Notre personnage principal est un James Bond, plus punk, sans limites, trash, violent, la force brute incarnée. Le lecteur le suit dans trois aventures.

Au niveau du graphisme, on sent l’influence des comics tant dans le dessin que dans les couleurs qui donnent l’impression que cette bande dessinée est ancienne. Seules les couleurs primaires sont utilisées dans la narration des aventures de cette machine de guerre qui saura même déjouer le détournement d’un avion. Il y a de la parodie et du second degré dans O.M.W.O.T. Les personnages ne cessent par exemple d’indiquer ce qu’ils font comme si le dessin n’était pas assez bien fait pour que le lecteur comprenne : « Tu as tiré sur mes flingues », « Tu as ouvert ma gorge », « Nous tuons » … Il y a de nombreuses phrases de ce type dans cet ouvrage qui amuseront le lecteur par l’apparent amateurisme de cette bande dessinée, choix de texte complètement assumé. Le héros, ou antihéros, incarne un peu ces mâles américains centraux dans des films où le héros sauve la planète. Il y a sans doute du Stallone et du Schwarzenegger dans ce personnage. Mais Benjamin Marra, dessinateur de la contre-culture américaine, va plus loin. Le personnage central gère toutes les situations, est agile physiquement, manie les armes comme personne, égorge, mitraille, sorte de machine de guerre que l’on ne peut freiner. Ses exploits physiques s’étendent aussi à sa sexualité. Femmes, hommes deviennent ses proies consentantes. Les dialogues durant les scènes sexuelles sont construits sur le même modèle avec les personnages qui commentent leurs actions du type « Je suis en toi. » ( Euh ... j'ai choisi la plus soft ... ) Autant vous dire que la BD est crue, parfois violente, mais tout ceci est parfaitement assumé par Benjamin Marra. Le but est de faire sourire par tous ces excès. Nous n’avons pas affaire à l’humour subtil, mais c’est voulu et assumé.

Le dessin est assez naïf, pourrait presque rappeler le dessin d’un ado. Certaines scènes même semblent sorties tout droit de l’imaginaire d’un ado. Elles possèdent ce côté instinctif et sans finesse propre à certaines pulsions. Benjamin Marra fait fi de la morale. Son œuvre semble libérée de toutes entraves. Le lecteur appréciera cette liberté de ton, sourira parfois face à la bêtise de certaines scènes, face à cette façon de narrer qui a un côté ridicule et amateur assumé, mais risque de se lasser rapidement car ce sont toujours ces mêmes codes qui sont utilisés. Cela amuse sur quelques pages, mais sur la durée il n’y a plus de surprise. Le côté parodique est rapidement identifié, il est donc dommage que l’humour ne se renouvèle pas davantage. Ce n’est que mon avis car j’ai lu des critiques très positives sur « O.M.W.O.T. » sur internet.