Petites histoires « hasardeuses »: « Gourmandises philosophiques et écologiques
de Alessandra Riggio

critiqué par Débézed, le 14 octobre 2022
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Métaphore mythologique et écologique
J’ai lu ce petit roman comme une métaphore mythologique évoquant la rencontre entre Mireille/Chthonos, la déesse/bohémienne qui cultive son jardin, mange ses légumes, voyage à vélo et consomme le moins possible et Sandrine/Ouranos, déesse des airs qui danse avec légèreté et voyage pour produire son spectacle au cours des routes. Mireille appartient au peuple chthonien qui cultive la terre pour se nourrir et adore les dieux de la fertilité. Elle affirme : « J’aime la nature et ma véritable passion est de jardiner quand l’envie m’en prend, dans l’instantanéité de ce qui se présente ». Sandrine appartient au peuple ouranien qui, guidée par les dieux du ciel, suit son troupeau vers les meilleurs pâturages, en l’occurrence les foules qui paient pour assister à son spectacle.

Mireille la chthonienne et Sandrine l’ouranienne se rencontrent lors d’une fête au village autour de la même idéologie qui prône la nécessité de défendre la planète très menacée par la surconsommation humaine. Elles livrent un véritable plaidoyer écologique pour mobiliser tous ceux qui n’ont pas encore compris que la planète est en danger et qui ont oublié que l’essentiel était dans les détails et non pas dans l’accumulation de biens souvent inutiles.

Sandrine élève seule ses deux enfants Benjamin, enfant lune sombre et perturbé, et Marie, fille soleil éclatante et sereine, qui se lance dans des acrobaties fort maitrisées pour atteindre la perfection dans ses exercices gymniques. Elle vit la vie d’une mère de l’une des nombreuses familles monoparentales qui, aujourd’hui, composent la société : elle doit gagner sa vie seule, élever deux enfants fort différents en attente de choses tout aussi différentes. Mais la magie de l’amour filial et de l’affection familiale rendra peut-être possible un avenir meilleur pour chacun. Et, quand la famille vit dans l’harmonie et la sérénité, elle peut déteindre sur la société et transmettre son bien être à celles et ceux qui l’entourent.

L’auteure semble se fondre dans ce peuple de filles, où seuls Benjamin et le jardinier représentent la gente masculine, qui plaide pour une société nouvelle où le respect de la planète serait une évidence, la culture un droit et une nécessité pour tous, l’égalité entre les sexes pas seulement un droit mais un fait réel. Elle met en scène cette idéologie dans des saynètes construites à partir des rencontres entre les divers protagonistes de cette petite histoire : Mireille et Camille, Mireille, Camille et Keanu, Sandrine et Keanu, etc… Ces rencontres mises bout à bout constituent la trame de ce roman et reproduisent l’idéologie de l’auteure.

Je laisserai ma conclusion à Eric Allard, le préfacier éclairé : « Avec ses « petites histoires hasardeuses », elle apporte de la matière et des idées, des fables et de la poésie pour écrire le nouveau grand récit mobilisateur d’espoir et de volonté appelé à transformer note manière de penser et de faire pour cohabiter en bonne intelligence sur une planète mieux portante et plus durable ».