L'horizon qui nous manque
de Pascal Dessaint

critiqué par CHALOT, le 29 septembre 2022
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
un polar social
« L'horizon qui nous manque »
roman de Pascal Dessaint
Editions Rivages/noir
297 pages
avril 2021


La narratrice, Lucille, jeune femme qui a enseigné le français comme bénévole aux migrants de la « jungle de Calais », avant qu'elle ne soit détruite par « les autorités » est hébergée par un curieux retraité du coin qui vit tout près de la plage.

Anatole est un chasseur solitaire et original.

C'est un homme qui vit loin du monde, semble-t-il mais qui a le cœur sur la main, Lucille, à peine installée dans une vieille caravane, qu'arrive, Loïk, un homme qui a eu quelques démêlés avec la police.
C'est un trio original qui se constitue et qui construit un univers particulier.

Anatole a ses bons jours et ses moins bons avec son caractère de chien qui se substitue à sa grande humanité bien particulière :
« Le mauvais caractère c'est comme le lierre . Ça pousse d'abord l'air de rien au bas du mur, et puis un jour vous vous retournez et ça a grimpé partout. »
Aucun des trois personnages ne nous révulse et tous sont attachants même avec leur caractère.

Le lecteur attend durant tout le livre à assister à une crise, à un pugilat entre ces deux hommes.
C'est en vain.
Tous les deux et la jeune femme qu'ils rudoient parfois, forment un trio quasi solidaire.
Le danger vient de l'extérieur, de l'environnement, qu'il s'agisse de cette exploitation éhontée qui conduit des patrons à ne pas donner des contrats de travail à leurs ouvriers ou qu'il s'agit de la visite non inopinée d'adversaires de la chasse .

Loïk est un « criminel » imprévisible mais son hôte, lui, tout de bonté sait accueillir à sa manière le jeune chercheur écologique qui vient le sermonner.

Nous sommes là dans un pays rude avec ses traditions rurales bien ancrées et les gendarmes qui feront leur enquête se retrouveront avec des Jean Gabin comme celui qui a joué dans le film « la Horla ».

Pourquoi Jean Gabin ?

Il est très présent et très aimé par ces personnages qui en parlent souvent comme un référent au cinéma.
Le rivage est noir et après toute une promenade enrichissante socialement, le lecteur est entraîné sur le chemin d'un suspense policier qui mérite son nom.

Jean-François Chalot