Le haïku à 5 voix : Haïkus, Tercets, Senryus
de Jean Antonini, Marie Derley, Damien Gabriels, Iocasta Huppen

critiqué par Débézed, le 28 septembre 2022
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
L'épure de la littérature
Pour écrire ce recueil, Iocasta, haïjin de talent, a regroupé autour d’elle quatre autres auteurs qu’elle connait bien : Jean Antonini (Lyon), Marie Derley (Belgique), Damien Gabriels (Métropole lilloise), Serge Tomé (Belgique). Ils ont développé une réelle connivence entre eux en participant avec la même vision et le même esprit à la promotion et au développement de la poésie d’influence japonaise en Belgique et en France depuis de nombreuses années.

Pour réaliser ce recueil, elle leur a fixé un « cahier des charges » assez précis : les haïkus, tercets et senryus proposés doivent respecter le thème des quatre saisons, ils doivent être complétés par un poème d’inspiration libre, chaque auteur doit fournir cinq textes pour la thématique imposée et cinq autres pour la thématique libre. Malgré la rigueur de la composition, chacun a conservé sa liberté de ton : l’humour, la dimension intellectuelle, l’esprit social, une inspiration plus poétique, … Ainsi chacun a fourni des poèmes de trois vers, je ne suis pas suffisamment versé, malgré les efforts accomplis par Iocasta, pour déterminer qui a écrit des haïkus, qui a écrit des tercets, qui a écrits des senryus mais tous les poèmes publiés comportent trois vers. Ils sont encadrés par un magnifique dessin de Jean-Louis Gabriel reproduit à la fin de la production de chaque auteur, toujours sur le même thème mais avec chaque fois une variation dans la couleur et dans les motifs secondaires.

Pour vous donner un aperçu de ce recueil, j’ai choisi, au hasard, un poème de chacun des cinq haïjins dans le thème libre qu’il a exploré :

Jean Antonini : « au sol de la chambre / une plume – je ne me souviens pas / de mes rêves »,
Marie Derley : « retour de chez lui / à l’aller je pédalais / avec le vent »,
Damien Gabriels : « sortie de reprise - / le col hors catégorie / du pont de l’autoroute »,
Iocasta Huppen : « lumière des bougies / pour mieux saisir l’étincelle / au fond de tes yeux »,
Serge Tomé : « fin de manif - / les syndicalistes sont unis / pour pisser au mur ».

Et, à chaque fois, je suis épaté de voir avec quel talent les haïjins savent avec quelques mots bien rangés suggérer une histoire bien réelle. Ils sont les artistes de la forme littéraire ultra courte.