Les Reines de sang - Catherine Sforza, la lionne de Lombardie T02
de Jean-Pierre Pécau (Scénario), Gabriele Parma (Dessin)

critiqué par Shelton, le 26 septembre 2022
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
De grande qualité mais pour ceux qui aiment l'Histoire !
La collection « Les reines de sang » chez Delcourt est à la fois une collection salutaire et indispensable – pour une fois, au moins, on parle des femmes dans l’Histoire – et une collection risquée – on ne parle que de reines qui ont quelques gros défauts, parfois même qui sont des criminelles assumées – et donc il faut lire cette collection avec quelque prudence et ne pas hésiter à aller rechercher des sources historiques pour conforter ou atténuer quelques aspects caractériels de ces grandes reines… D’une façon générale, j’aime cette série atypique qui commença avec la magistrale histoire d’Aliénor d’Aquitaine revue et corrigée par Simona Mogavino, Delalande et Gomez !

Cette fois-ci, direction la Renaissance, l’Italie et une certaine Catherine Sforza… Qui dit Sforza dit Milan et c’est bien là que tout commença pour elle qui est la fille naturelle de Galéas Marie Sforza, duc de Milan, et de sa maitresse, la comtesse Lucrèce Landriani. Mais, à la Renaissance, il est bien rare de mourir dans son lit de vieillesse et le duc est assassiné en 1476 alors que la jeune Catherine n’est âgée que de 13 ans… Et c’est là que sa vie commence réellement car, par son mariage, elle devient la maitresse des forteresses d’Imola et Forli, entre deux terres qui ne sont pas en paix souvent, Milan et Florence…

Le parti pris de Jean-Pierre Pécau, le scénariste de ces deux très bons albums, est de montrer qu’au XVe siècle, Venise, Florence, Gênes, Milan et Rome sont les cinq pôles de force de la péninsule italienne et que bien souvent cette partie à cinq n’est qu’une sorte de gros poker menteur… Catherine a été formée par son oncle Ludovico Sforza qui lui a inculqué les règles de ce jeu à cinq pour qu’elle puisse, toujours et partout, jouer au nom de Milan et de sa famille, les Sforza…

Jean-Pierre Pécau décide de forcer un peu le trait et de raconter Catherine en suivant la légende noire, celle qui fait d’elle non pas une bâtarde faible et ballotée par les évènements, mais bien une lionne de Lombardie prête à tous les combats pour défendre sa place, son héritage, sa terre, sa famille… Finalement, on y croit à cette Catherine forte qui ne perdra qu’un seul combat, celui contre la maladie qui l’emporta alors qu’elle n’avait que 46 ans !

Je ne vais pas tout vous raconter de sa vie, une vie que l’on retrouve dans de nombreuses fictions sur la Renaissance qu’elles soient vues de Rome, de Florence, de Venise, de Naples… On va la suivre pas à pas et c’est une occasion de se souvenir que dans ce jeu à cinq la France a tenté de tirer son épingle du jeu à partir d’un certain Charles VIII, le fils de Louis XI… Mais vous découvrirez tout cela avec délectation en lisant ces deux albums car il faut bien les lire !

Le dessin de Gabriele Parma, dessinateur italien, est d’une belle tenue et totalement adapté à cette histoire. C’est sa deuxième participation à cette collection, car, en compagnie du même Jean-Pierre Pécau, il avait dessiné Constance d’Antioche, en deux volumes également. Les paysages, les combats, les monuments historiques renforcent la crédibilité historique. La dynamique du dessin est bien réelle et le personnage de Catherine est superbement incarné. Les couleurs de Dimitri Fogolin renforcent la qualité de la bande dessinée et rendent la lecture fort agréable.

J’ai donc beaucoup aimé cette évocation historique d’une femme qui est à découvrir. Pour ceux qui veulent aller plus loin, il n’y a que peu d’ouvrages qui lui sont entièrement consacrés, mais on peut citer « Catherine Sforza, la dame de Forli ». Par contre dans de nombreux ouvrages sur la renaissance italienne, on trouve sa trace… Ne pas oublier non plus que dans sa descendance on trouve une reine de France, Marie de Médicis…