Chaos de famille
de Franz Bartelt

critiqué par Monocle, le 13 septembre 2022
(tournai - 64 ans)


La note:  étoiles
Très osé !
CHAOS DE FAMILLE de Franz Bartelt "Gallimard 2006" 224 pages

Voici un Bartelt hors norme. Sans doute le plus osé et le plus graveleux à ma connaissance. Certains pourront être choqués du cru mais je pense toujours qu'en cas de baisse de moral un Bartlet est le meilleur des traitements.

Camina est une odieuse femme. Elle martyrise son mari, réduit à l'esclavage et à l'abstinence.
La famille de Camina est composée de frères et sœur dépressifs, d'une mère veuve le père ayant quitté le monde par la porte de secours.
Toute la tribu vit sous la domination de la mère Ubu, Camina, une boule de méchanceté.
Le mari, né Plonque, à force de privation sexuelle, finit par vivre avec l'obsession d'une voisine, surnommée par lui "la moule". Cette dernière peu avare de ses charmes proéminents en fait d'ailleurs commerce.
Nous voici donc plongés dans une aventure complètement déjantée qui peut choquer.
Pour ma part j'ai apprécié cet humour entouré d'un verbe de qualité qui enrobe des séquences très osées sans jamais sombrer dans le vulgaire.


Quelques phrases tirées au hasard des pages hilarantes

- Des années de sperme répandues en une fraction de seconde, des litres, une inondation, et la voix déconcertée de Lamoule...
- Je haussai une épaule, à la manière du contrôleur des trains dont les muscles se souviennent du poids de la sacoche et de l’étroitesse des couloirs de wagon. J’eus une moue ferroviaire...
- Je connais son histoire par cœur, alors je peux sans dommage fermer les yeux et rêver doucement que les jambes, la bonne humeur et la sensualité repoussent à Camina, et que nous ne perdons plus une seule minute à nous haïr.

Un petit bijou.
Un obsédé 4 étoiles

Publié dans la collection série noire, ce titre n’est pas vraiment un roman policier. On y fait la connaissance de Plonque, un homme frustré et aigri car sa femme dépressive Camina lui refuse l’amour physique, et l’amour tout court. Ce dernier se tourne alors vers la voisine, Madame Quillard. Chaque jour ses fantasmes sexuels pour elle deviennent de plus en plus fulgurants. Afin de les réaliser, il simule une paralysie. Combiné aux nombreux décès dans l’entourage de Madame Quillard, ceci lui permet d’assouvir ses bas instincts.

Il n’y a rien de noir dans ce roman outre peut-être l’humour. Un humour gras, tonitruant, brutal et pervers. De même il n’y a pas réellement de trame, il s’agit d’une succession de saynètes employées pour soutenir un vaudeville pornographique de premier niveau.

Je suis habituellement bon public pour la comédie grinçante. Ici, je ne me suis pas amusé. Peut-être en raison de l’abus d’excès de l’auteur qui font penser à ceux de Frédéric Dard (San Antonio). Il n’y a rien de beau dans ce roman. Toute la famille de Camina est névrosée, le personnage principal est vulgaire et aucunement attachant, les images qu’il évoque sont sales et répugnantes. Un vrai bain de boue. Le genre de bouquin où l’on adore le style ou l’on déteste. Dans mon cas, ce fut la deuxième voie.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 1 novembre 2024