Toute la violence des hommes
de Paul Colize

critiqué par Pucksimberg, le 11 septembre 2022
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Un polar efficace et éclairant
Sur les murs de Bruxelles, des œuvres violentes d’un graffeur sont apparues à la grande surprise des habitants qui se sont réveillés au beau matin en découvrant ces peinturess éphémères. Elles sont l’œuvre de Nikola Stankovic, surnommé le Funambule. Ce dernier se voit accusé du crime d’une jeune femme d’origine croate comme lui. Il est incarcéré dans un centre dans lequel Pauline Derval doit évaluer s’il est fou ou s’il est lucide avant le jugement. Tout concourt à dire qu’il est le meurtrier, mais lui ne cesse de crier « C’est pas moi ! ».

Ce roman se lit rapidement car les chapitres sont brefs et les faits s’enchainent vite. Les dialogues sont vifs et insufflent une dynamique à ce roman. Les personnages présents dans ce roman sont assez atypiques, surtout le choix de Pauline, au fort caractère et pas toujours très sympathique. Le lecteur ne s’attache pas forcément à cette figure féminine même si elle possède des qualités indéniables. De plus, l’auteur adopte une narration qui n’est pas linéaire, le lecteur découvre en même temps que l’enquête avance l’histoire de Niko, ainsi que celle de son pays durant la guerre en Yougoslavie. Le lecteur sera sans doute intéressé d’en apprendre sur ce contexte et de mesurer, s’il en est encore besoin, l’horreur de ces guerres et les atrocités commises au nom de la patrie.

Dans ce roman, il est intéressant de voir aussi la relation qu’il y a entre les divers membres du centre psychiatrique, leurs rivalités et leurs désaccords. De plus le portrait de ce personnage féminin est original. C’est un portrait de femme très intéressant, sortant des clichés habituels. Dans ce roman ce sont aussi les relations entre le monde médical et la justice qui sont abordées afin de faire jour sur cette affaire. Les personnages enquêtent sur la personnalité de Niko, personnage qui semble plongé dans un mutisme et sur lequel il est difficile de faire la lumière.

J’ai été moins séduit par le style de l’écrivain, épuré, qui va à l’essentiel. Evidemment, cela permet de faire de ce roman un page-turner, mais j’avoue que l’écriture ne m’a pas emporté. L’efficacité est atteinte, dommage que cela soit au détriment du style.

A la fin de l’ouvrage figure une interview, celle réalisée par Paul Colize avec le street-artiste qui a justement fait des œuvres ultra-violentes sur des murs de Bruxelles. Oui il existe bien, mais le roman ne se veut pas biographique. Dans cet entretien, le lecteur peut comprendre la démarche de cet artiste, les difficultés rencontrées pour réaliser ces œuvres en un temps record, l’impact qu’elles produisent sur les habitants …

Ce roman est un bon divertissement.