Le Code de la conscience
de Stanislas Dehaene

critiqué par Colen8, le 30 août 2022
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Ebauche d’une théorie scientifique de la conscience
La conscience est prise ici dans le sens restrictif d’un état physiologique de veille. C’est celle qui s’efface pendant le sommeil, l’anesthésie, à la suite d’accidents vasculaires ou de traumatismes menant à différents stades comateux, en raison de maladies psychiatriques ou neurologiques. D’énormes avancées sur l’accès à la conscience en laboratoires pour commencer puis en essais cliniques ont eu lieu durant ces trente dernières années. Diverses familles de tests aidés de toute une batterie d’outils(1) apportent des preuves indubitables reconnues comme des signatures de l’état conscient en attendant de savoir le traduire en pensées. L’inconscient, lui, fonctionne sans arrêt en arrière-plan jusqu’à la mort cérébrale.
Les circuits de circulation de l’information dans le cerveau s’affinent peu à peu. Celle-ci part d’une stimulation sensorielle externe ou interne d’abord encodée élément par élément dans les couches cérébrales profondes par un neurone unique ou par plusieurs spécialisés, situés dans les zones dédiées. Par exemple tel groupe de neurones s’affaire à la reconnaissance des visages, tel autre à celle des couleurs, à des éléments de l’environnement, des sons ou du langage. La stimulation initiale devient consciente dès lors que des communications permettent de la reconstruire de proche en proche ou à distance, puis de la diffuser vers les aires supérieures du cortex frontal. A partir d’un certain seuil et d’une durée minimale se produit un embrasement général synchrone, filtrant une pensée après l’autre, détectable par une onde électrique dite P3.
Pourquoi la conscience ? La mutation du gène FoxP2 ? Une plus grande capacité combinatoire ? A l’heure actuelle la psychologie cognitive, les neurosciences générées par les algorithmes de modélisation mathématique et numérique convergent afin d’élaborer une théorie scientifique suffisamment robuste. Les pistes encore balbutiantes se focalisent autour d’un espace neuronal de travail global. Le stade suivant serait d’améliorer les interfaces cerveau-machine avec des dispositifs plus sensibles pour restaurer des fonctionnalités éteintes chez les uns, révéler une conscience subjective disparue chez les autres. Rien ne semble exclure des développements futurs donnant un accès direct aux pensées ou même capables de les simuler sur ordinateur au grand dam des philosophes pour lesquels subjectivité et libre arbitre ne peuvent s’exercer en dehors du genre humain.
(1) Masquage ou non des stimuli, chronométrie mentale (mesure des temps de réponse), mesure des oscillations cérébrales, logiciels de modélisation, IRM fonctionnelle, TMS (stimulation magnétique trans-crânienne), MEG (magnétoencéphalographie), EEG (électroencéphalographie) principalement.