Germigny-l'Exempt: ou Les Trois Deniers de Gaspard Six essais autour d'un monument d'art et d'histoire
de Emmanuel Legeard

critiqué par Essennoil , le 28 août 2022
(Paris - 43 ans)


La note:  étoiles
Trois deniers d'or et de sang
"Halte légendaire où Austrégésile entendit des voix, citadelle la plus forte du Bourbonnais de l'an mil, siège de Louis VI qui se solda par l'union des Bourbons à la couronne de France, Germigny devient un archiprêtré représentatif de la « genèse du territoire diocésain » à l'issue de la querelle des investitures de Bourges qui assura le triomphe des principes théocratiques de la réforme grégorienne en Berry et expédia Louis VII en pénitence en croisade. Les croisades, d'ailleurs, imprimeront à l'église de Germigny son cachet d'insolite. Occupée pour sa position stratégique par Bertucat d'Albret et rachetée à prix d'or par Louis II, la ville ne devait décliner qu'après la disgrâce du connétable de Bourbon et la translation de ses biens à un favori insignifiant de Louise de Savoie."

Cinq ans de travail pour un résultat convaincant qui présente des découvertes novatrices: origine et signification de saint Epain, localisation de la villa Germaniaco, reconstitution de la forteresse germinoise et des sculptures les plus intéressantes des programmes iconographiques, analyse pertinente et très ingénieuse du siège visiblement truqué de 1108, et - plat de résistance - l'analyse des "trois deniers d'or" du roi identifié sur le baptistère de Parme comme Gaspard dans le contexte de la croisade contre les Albigeois par Simon de Montfort, et des tributs prélevés par lui sur les "hérétiques" conquis "en reconnaissance de l'autorité romaine".

C'est très réussi, et on s'étonne de se laisser entraîner dans les tourbillons de cette aventure comme s'il s'agissait d'un récit picaresque mené tambour battant à travers les champs de bataille!

Aucune surprise donc qu'il soit si bien accueilli par les spécialistes comme par les lecteurs ordinaires.

Je constate que Critiques Libres signale L'Harmattan comme "éditeur à contrat abusif". C'est vrai, et l'on aurait préféré, pour l'auteur comme pour les lecteurs, que ce livre parût chez Perrin, où il était infiniment plus à sa place.