L'aube est bleue sur Mars
de Florence Hinckel

critiqué par Saigneur de Guerre, le 24 août 2022
( - 65 ans)


La note:  étoiles
Une jeune fille à la conquête de Mars
« Ferez-vous partie de la plus incroyable aventure qui attend l’être humain durant ce siècle ? MarSpace et la NASA vous permettront peut-être de la vivre. »
Voilà le genre d’annonce que ne devrait pas ignorer Esther, 22 ans, astrophysicienne hyper douée, bientôt major de sa promotion. Seulement, voilà : de nombreux jeunes suivent des « space camps » aux Etats-Unis depuis des années, et c’est parmi eux que recrute la NASA.
Son père croit en ses chances, elle pas ! Déjà que la plupart des astronautes sont des hommes… Elle, la petite Française, quelle chance a-t-elle ? Son père a beau discourir sur le fait que la NASA devra compter parmi les trois premiers astronautes à destination de Mars un Européen… Elle, elle ne croit guère en ses chances…
Elle est obsédée par la disparition de sa petite sœur, Chloé. Une bien triste histoire d’étoiles…

Critique :

Florence Hinckel ne ménage pas le lecteur en évoquant, en ce début de XXIe siècle, les maux grandissants qui ravagent notre planète, le réchauffement climatique en premier lieu et ses multiples conséquences parmi lesquelles la prolifération des virus, mais aussi tsunamis et incendies incontrôlables, les déséquilibres des écosystèmes…
Un autre aspect que traite l’autrice, c’est la disparition d’un être cher et ses conséquences, très lourdes, en particulier lorsqu’il s’agit d’un enfant.
N'allez pas croire pour autant que tout le roman est pesant. Des moments de romance sont présents et devraient plaire aux ados et jeunes adultes tout particulièrement. La relation entre Hugo et Esther a un côté « fleur bleue » qui semble beaucoup plaire à ces catégories d’âges et en particulier à un public féminin.
Attention ! Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Avant d’être une romance, c’est avant tout une aventure hors du commun que nous propose Florence Hinckel, avec une héroïne qui devrait encourager beaucoup de jeunes filles à croire un petit peu plus en leur bonne étoile et à vouloir se surpasser dans une société où les postes les plus intéressants restent, le plus souvent, l’apanage des hommes.
J’ai éprouvé beaucoup de sympathie pour Hugo, le grand amoureux, pour ses thèses écologistes, son regard clair et son attitude face aux réflexes à adopter si on veut éviter un désastre pour la planète. Malheureusement, rien dans les actualités ne semble indiquer que l’humanité, c’est-à-dire, nous, soit prête à changer ses habitudes de consommation. Qui est prêt à renoncer à des vacances en avion ? A réduire ses déplacements en voiture ? A renoncer aux climatiseurs ? A diminuer la température de son logement en hiver ? A cesser d’acheter des aliments emballés et suremballés dans du plastique et du carton ? L’autrice ne l’exprime pas clairement, elle le sous-entend par le comportement de Hugo, notamment végétarien, par son opposition à cette technologie qui va dépenser un nombre incroyable de ressources terrestres pour envoyer trois jeunes personnes sur Mars. D’ailleurs, il pose la question : à qui cela bénéficierait-il d’aller vivre sur Mars sinon à la population la plus riche qui fuirait ainsi la Terre, qu’elle aura largement contribué à rendre invivable ?

La partie sélection des jeunes astronautes est très intéressante. Elle permet de voir les différents types de caractères qui se côtoient, et notamment, ceux qui écraseraient les autres pour avoir leur place dans le trio qui partira pour Mars. Des individus sans empathie font partie des trente sélectionnés. Y en aura-t-il parmi les trois qui partiront ? Il y a aussi le pistonné de service : américain, beau-gosse, fils d’un milliardaire du pétrole, dont papa est ami avec Elon Musk, pardon avec Mark Row, le milliardaire fou de technologie, qui assure la participation privée à ce projet qui implique entre autres la NASA, l’ESA, l’agence spatiale canadienne et d’autres encore…

Les Russes sont de la partie avec Olga, mais les Chinois jouent bande à part...
L’auteure s’est magnifiquement documentée. Elle ne pouvait prévoir la guerre en Ukraine et la mise à l’écart des Russes. Sa description de la vie dans le vaisseau est vraiment très cohérente. Dans cet espace restreint se trouvent quatre astronautes expérimentés de très grande qualité et puis, il y a les trois petits jeunes de moins de vingt-cinq ans avec leurs craintes et leurs espoirs.

Si les parties « romance » vous embêtent, inutile de vous appesantir à les lire. Il vous suffit de les passer. Elles ne sont pas indispensables à la bonne marche de ce thriller spatial. Je ne doute pas que beaucoup de jeunes filles trouveront leur plaisir dans ces échanges à des milliers et des milliers de kilomètres entre Esther et Hugo, entre celle qui croit dans les miracles technologiques et celui qui estime qu’il faudrait les limiter et se soucier davantage de notre planète que de l’espace.

Un livre au public ciblé (adolescents, jeunes adultes, plutôt féminin) mais qui foisonne de détails très proches de ce que l’on prépare actuellement. Il donne un aperçu assez fidèle, je crois de ce que pourrait être un voyage vers Mars.
Il y a des moments de très grande intensité nerveuse car il ne s’agit pas d’une excursion sans dangers… Et pendant ce temps, sur Terre…