La méthode Molotov
de Les 2 Freds

critiqué par Marvic, le 17 août 2022
(Normandie - 66 ans)


La note:  étoiles
Le Refuge
Pétronille, "à l’aube de la quarantaine" est une maîtresse de maison parfaite. Le frigo toujours plein comme la réserve de papier toilette, l’appartement bien décoré et toujours impeccable, les horaires des activités de ses deux enfants connus par cœur, ainsi que les dates d’anniversaire et les goûts de chacun des membres de la famille et de la belle-famille.
Elle a bien de temps en temps quelques regrets, dont celui d’avoir abandonné son CAPES au profit de la réussite de la carrière de son mari, quelques pincements au cœur quand elle voit son fils quitter le doux monde de l’enfance pour une adolescence centrée sur les copains et les jeux, ou sa " toute petite" trop contente de partir trois semaines en colonie… mais elle prend sur elle, toujours.

Jusqu’au soir où son mari rentre de sa partie de tennis et lui dit qu’il a invité des collègues de travail pour le soir sans la prévenir. "Si tu commandes le dîner, ça te laisse le temps de passer chez l’esthéticienne... "
La phrase de trop. Pétronille attrape son sac, les clés de sa Mini et part, sans savoir où elle va, jusqu’à la panne d’essence, de nuit, en pleine campagne, avec un portable déchargé.

C’est une femme de presque 80 ans qui vient la secourir et l’emmène jusque chez elle. Pétronille arrive dans une grande maison originale mais moins que ses habitants. Jeanne, la propriétaire des lieux, femme bourrue et directe, La Molotov, amie de Jeanne aux tenues aussi invraisemblables que ses comportements ou que son oiseau de compagnie, et Bassem, un migrant sans papier.
Elle va découvrir que cette maison est appelée le Refuge car depuis des années, Jeanne y héberge des personnes en détresse, dans un univers de solidarité, d’entraide, de respect ; et surtout elle va se surprendre par une force, des aptitudes ignorées, et cette étrange impression d’être à sa place.

Même si on sourit souvent, on devine que la vie n’a épargné aucune personne.
Pétronille va apprendre l’humanité, la persévérance malgré des moments de découragement, mais aussi qu’il faut prendre le temps de s’écouter, abandonner quelquefois ses préjugés, ses modèles de réussite.
Une lecture que j’ai vraiment beaucoup aimée ; tendresse, affection, émotion, relations vraies, cela fait partie des univers trop « bisounours » mais ce roman écrit à quatre mains est un roman intelligent, écologique et drôle. Dans la lignée de Barbara Constantine.
Un livre qui fait beaucoup du bien