La soie des mots musique
de Jean-Louis Massot, Gérard Sendrey (Dessin)

critiqué par Débézed, le 11 août 2022
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Poésie en vers et en image
Merci Jean-Louis de m’avoir adressé ce recueil édité depuis un longtemps déjà, en 2007, un recueil pour évoquer notre amitié avec Gérard Sendrey et l’impressionnant travail artistique qu’il a réalisé jusqu’à la fin de sa vie. Gérard est devenu un ami quand tu m’as proposé de lire et commenter son livre testamentaire, « Mon amour pour la vie en moi », dans lequel il évoque avec ferveur son inébranlable foi en la vie. J’ai beaucoup apprécié son propos, il a aimé le regard que j’ai porté sur son texte et, ainsi, nous sommes devenus amis. Chaque jour, jusqu’à ce que la maladie l’emporte, en ce début d’année, il m’a adressé un dessin, un vrai témoignage d’amitié et de complicité littéraire et artistique.

Tu as eu la riche idée de lui confier l’illustration de chacun des poèmes que tu as écrit pour constituer ce recueil, pour ce faire, il a utilisé un procédé qui lui était cher, chacun des dessins fut réalisé à deux mains, chacune équipée d’un marqueur, en agissant simultanément de façon synchronisée ou non selon l’image souhaitée. Cette technique de dessin comporte une part d’aléas qui peut laisser planer une certaine incertitude quant au résultat obtenu, ce qui peut rendre l’illustration encore plus suggestive. Adepte de l’art brut et du dessin automatique, il ne pouvait en être autrement avec lui.

Ces dessins se marient à merveille avec les textes que tu as rédigés pour évoquer la musique et les musiciens que tu as aimés, je ne les connais pas tous mais j’en ai noté certains noms et certaines œuvres qui m’ont particulièrement fait vibrer. A mon avis, il n’y a aucune fausse note dans ce recueil, pas plus dans les choix musicaux que dans les textes que tu as écrits avec beaucoup de sobriété et une grande finesse. Ces textes sont doux, parfois mélancoliques, souvent enthousiastes, dégageant empathie et irénisme.

Tu as choisi la musique que j’aime, celle que j’ai découverte, un peu trop tard, après qu’elle a déferlé sur les ondes européennes. Tes choix sont sûrs, tu aimes, comme moi, le blues, le jazz, le rock n’ roll et tout cet univers musical mais, comme il y a de la bonne musique partout, tu as pioché dans d’autres bacs : chansons, musique classique, …, pour donner des envies de ressortir des vieux vinyles et écouter la musique de nos vingt ans. Eh oui :

« Quelle idée stupide / que de vouloir écrire un / poème ou quelque chose / qui s’en rapprocherait / après / avoir passé la fin de la soirée / à écouter le Requiem de Gabriel Fauré » !

Ce recueil comporte tout ce dont on peut rêver pour passer un moment de bonheur seul ou avec des amis :

« Une journée à savourer un livre ; une soirée à laisser couler un vin qui chante ; un week-end partagé entre amis, sous un ciel qui … hésite à nous accompagner et qui s’amuse à nous laisser croire que nous pourrions être des étoiles filantes ».

Dans ces quelques mots, tout semble être dit, alors, vite, remettons, un disque sur la platine pendant que le vin chambre, avant que les amis arrivent pour lire ensemble quelques poèmes de Jean-Louis Massot comme celui qui suit et que j’aime tout particulièrement. J’entends Billie Holliday se lamenter loin loin là-bas au paradis du blues,

« Sur la plage, / regardions l’océan. // Des heures // Ne cessait de gémir. // Un blues /// N’y pouvions rien. // Et rentrions. »